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Culture d'info. Hugues Duchêne : "Macron, c'est un peu Scapin qui se serait marié avec Lady Macbeth"

Le dramaturge, comédien et metteur en scène Hugues Duchêne est actuellement en tournée avec sa pièce de théâtre documentaire "Je m'en vais mais l'Etat demeure", à Toulouse et Nantes notamment en janvier, spectacle où il s'interroge sur la théâtralité de l'époque, des Gilets jaunes à la réforme des retraites.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Hugues Duchêne dans "Je m'en vais mais l'Etat demeure". Prochaines représentations à Villeneuve d'Ascq à la Rose des Vents, les 25 et 26 janvier 2020. (SIMON GOSSELIN)

L’auteur, metteur en scène et comédien Hugues Duchêne s’est lancé dans une audacieuse entreprise : relater sur scène les années du quinquennat Macron. Il est actuellement en tournée avec sa compagnie Le Royal Velours, avec le spectacle Je m'en vais mais l'Etat demeure.  

Alors que le conflit sur la réforme des retraites s'étire comme une série télé, un an après la crise des Gilets jaunes, la France se demande ce qu'est réellement l'acte II du quinquennat. Dans un pays qui a le sens du drame politique, entretien avec un jeune artiste, qui fait du théâtre avec notre quotidien et qui, comme nous, s'interroge...

franceinfo : En 2020, le quinquennat d’Emmanuel Macron est-il toujours aussi inspirant ?

Hugues Duchêne : L'année dernière, il était question d'acte 1, acte 2, d'acte 3 à cause des Gilets jaunes. Je crois qu'on va atteindre l'acte 60. Le gouvernement Macron a voulu parler d'acte 2. Je ne sais pas pourquoi, mais il y a de la dramaturgie dans l'air. Ce dont j'ai l'impression, c'est qu’en ce moment, il y a une sorte de petit retour en arrière. Les manifestations défilent souvent entre République et Nation.

L'année dernière, je suivais le mouvement des Gilets jaunes pour ma pièce de théâtre, qui est une pièce de théâtre documentaire. J'étais du coup souvent sur les Champs-Élysées et là, les manifestations entre République et Nation. Ça, ça ne m'intéresse pas beaucoup parce qu'on sent bien que l'Elysée et les ministères sont loin. Donc, je me demande si ce n'est pas un peu le retour du "Vieux Monde" avec ces cortèges syndicaux, alors qu’on parlait l'année dernière de syndicats qui étaient partis.

Pour moi, les municipales vont arriver assez vite. Avec ma petite troupe, on va partir à Toulouse, à Nantes, à Lille. Apparemment, dans toutes ces villes-là, les maires sortants vont avoir une sorte de prime au sortant. C'est ce qu'on voit dans les sondages. Est-ce que ce n'est pas le retour du Vieux Monde en ce moment ?

Est-ce que ça arrange Emmanuel Macron, finalement, dans ses habits jupitériens ?

Macron, c'est un peu un mystère. C'est un peu Scapin qui se serait marié avec Lady Macbeth. D'où on vient, selon l'endroit où l’on se situe, et selon ses convictions politiques, on le voit comme quelqu'un de très différent. Peut-être quelqu'un de droite peut le voir comme une sorte de valet, d'esclave qui ferait des coups fourrés à tout le monde. Pour quelqu'un de gauche, on voit avant tout le Brutus, ça nous rappelle Macbeth, qui tue le roi pour devenir roi à sa place et qui devient fou. Il se trouve que Macron, lui, ne devient pas fou.

L'année dernière, pendant le mouvement des Gilets jaunes, on l'a cru sous Lexomil quand il a fait son allocution le 11 décembre 2018. En vérité, un mois plus tard, avec le grand débat, il était en train de parler des ours dans les Pyrénées, des problèmes de mobilité des ours avec les maires du coin. Et il mettait un peu K.O tout le monde avec sa maîtrise des dossiers, vraiment là-dessus, il a été épatant. Donc, moi, je ne sais pas exactement comment il va s'y prendre sur les deux dernières années du quinquennat. Je navigue un peu à vue.

Quelle a été l'évolution de votre vision du personnage Emmanuel Macron ?

Depuis le début, le temps, et quelques anecdotes dont on m'a parlé, donnaient l'impression d'un homme qui a une conviction, une capacité à penser que sa parole est effective. Les mots qu'il va employer vont s'incarner. Ça donne une sorte de beauté. Ça peut aussi donner un petit peu de ridicule, en tout cas, au théâtre, du burlesque aussi.

Et du coup, on peut assez facilement tourner cela en dérision. Il y a un homme tout en haut. Il y a Jupiter. Et puis, il y a plein de bases. Macron avait disrupté l'élection, les Gilets jaunes ont disrupté la contestation, ça donne encore plus de mystère, s'il en avait besoin, à Emmanuel Macron. Mais ça lui donne aussi sa petite faiblesse. Si on veut se dire que le roi est nu, c'est assez facile.    

Je m'en vais mais l'Etat demeure de Hugues Duchêne en tournée :

15-17 janvier, Toulouse théâtre Sorano
22-23 janvier, Nantes, TU
25 - 26 janvier, Villeneuve d’Ascq, 
28 janvier, Saint Junien
1er février, Pantin, 
20 février, Châtellerault
6 mars, Valenciennes le Phénix
11-14 mars, Oullins, la Renaissance
26 mars, Amiens, MAC

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