Espagne : Pedro Sánchez loue l'immigration tout en demandant l'entrée en vigueur dès 2025 du Pacte européen qui instaure davantage de répartitions

En Espagne, le chef du gouvernement Pedro Sánchez s'oppose à la vague anti-immigrés qui secoue l'Europe. Malgré la crise migratoire qui frappe l’Espagne, le socialiste a prononcé mercredi un discours positif devant les députés espagnols.
Article rédigé par Marie-Hélène Ballestero
Radio France
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Temps de lecture : 4min
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez recevant le président des îles Canaries Fernando Clavijo à Madrid, pour parler d'immigration, le 10 octobre 2024. (CHEMA MOYA / MAXPPP)

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, semble faire figure d’exception en Europe. Selon lui, l’immigration est une chance pour la prospérité du pays. Mercredi 9 octobre devant les députés du pays, Pedro Sánchez a démarré son discours en parlant de la dette morale de l’Espagne : "Nous, les Espagnols, nous sommes des enfants de l’immigration. Nous n’allons pas être les parents de la xénophobie", a-t-il lancé aux députés.

L'homme d'État a lui-même des proches qui ont dû fuir la dictature de Franco, au siècle dernier, et qui se sont installés en Allemagne, comme beaucoup d'Espagnols. Pedro Sánchez ne veut donc pas que l’on diabolise désormais les migrants qui arrivent en Espagne. Pour cela, il s’est adressé directement aux députés de droite et d’extrême droite, qu’il accuse de répandre un discours de haine : "Vox et le PP nous disent que les migrants mettent en danger nos proches, mais la vérité est que la moitié des gens qui travaillent pour s’occuper de nos enfants, de nos parents et de nos grands-parents sont des immigrants, a-t-il dit. Qu’ils prennent soin d’eux avec respect et affection, comme s’ils étaient de leur propre famille", a-t-il ajouté.

L'immigration, "une contribution qui devrait être maintenue dans les décennies à venir"

"C’est la véritable contribution des migrants à notre économie et à notre société, a poursuivi Pedro Sánchez, une contribution similaire et complémentaire de celle des citoyens espagnols. Une contribution qui devrait être maintenue dans les décennies à venir, si nous voulons surmonter ce défi démographique et garantir la prospérité et le progrès de notre société." À ce sujet, rappelons que le taux de natalité en Espagne est l’un des plus faibles de l’Union européenne, avec seulement 1,2 enfant par femme.

Pedro Sánchez a annoncé également de nombreuses mesures, pour aider les migrants à s’installer en Espagne. Au-delà de la morale, le président du gouvernement se veut pragmatique. Il a donc présenté toute une batterie de mesures pour faciliter l’intégration des étrangers dans le marché du travail, en limitant, par exemple, toutes les procédures bureaucratiques.

Cependant, Sánchez est bien conscient que les problèmes d’intégration mettent à rude épreuve les relations dans certains quartiers espagnols. Il a donc annoncé un "plan national d’intégration et de coexistence interculturelle" dans toute l'Espagne, pour éviter les erreurs commises par d’autres pays.

"Que toute l’Europe s’implique dans la gestion des flux migratoires"

Par ailleurs, Pedro Sánchez va réclamer à Bruxelles "une politique de co-responsabilité et solidarité" en matière de migration, "en exigeant que toute l’Europe s’implique effectivement dans la gestion des flux migratoires que reçoivent les pays de la Méditerranée".

À cette fin, il a annoncé que l’Espagne va demander à la Commission européenne d’avancer l’entrée en vigueur du Pacte sur la migration et l’asile, afin que ses dispositions, en matière de contrôle des frontières et de répartition des migrants, soient mises en œuvre à l’été 2025 et non à l’été 2026. Le pacte prévoit notamment de traiter une partie des demandes d’asile aux frontières extérieures de l’Union et introduit un mécanisme de solidarité entre États membres en cas d’arrivées massives.

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