Birmanie : un rapport dénonce des tortures commises par la junte au pouvoir sur des détenus

La junte birmane perd du terrain et se livre aux pires exactions. Un rapport des Nations unies, publié mardi, fait état de tortures infligées aux personnes arrêtées depuis le coup d’État par les militaires en 2021.
Article rédigé par Jérémie Lanche
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Min Aung Hlaing le chef de la junte militaire birmane, lors d'une cérémonie à Naypyidaw, le 27 mars 2024. (STR / AFP)

"Simulacres d’exécutions", "chocs électriques"... Les Nations unies ont publié mardi 17 septembre 2024 un rapport sur les violations des droits de l’Homme commises par la junte militaire en Birmanie sur des détenus. Comment la Birmanie en est-elle arrivée là ? Au mois de février 2021, Aung San Suu Kyi est de facto la cheffe du gouvernement depuis moins de cinq ans, alors que la Birmanie semble être en pleine transition démocratique. Mais les militaires, qui veillent au grain, ne digèrent pas la défaite de leur camp aux dernières élections. La dame de Rangoon et ses proches sont arrêtés. L’État d’urgence est décrété.

Des manifestations éclatent, mais elles sont réprimées dans le sang. Progressivement, des groupes armés rebelles vont se constituer, avec une forte dimension ethnique. Il y aurait 135 ethnies différentes en Birmanie. Le jeu d’alliances sur le terrain est complexe. Depuis l’automne 2023, les groupes gagnent du terrain et la junte ne contrôlerait plus que 40% du territoire.

Quelque 27 000 personnes arrêtées

Des militaires acculés se livrent aux pires exactions, selon le Haut-commissariat aux droits de l’Homme. Déjà, cet été, des experts avaient expliqué comment les militaires terrorisaient la population en exposant les corps mutilés de combattants ennemis ou se livrant à des viols collectifs. Cette fois, le rapport fait état de tortures infligées aux plus de 27 000 personnes arrêtées depuis le coup d’État.

"Les détenus, qu’on a pu interroger, nous ont dit qu’ils ont été suspendus par les mains au plafond. Qu’on les a forcés à ramper sur des objets tranchants. Ils parlent de serpents ou d’insectes introduits dans leurs cellules pour les terroriser, de tabassages avec des barres de fer, des bambous, des câbles électriques et des chaînes de motos. De simulacres d’exécutions. De chocs électriques. De brûlures infligées avec des tasers ou de l’eau bouillante", rapporte James Rodehaver qui dirige le département Birmanie au Haut-commissariat aux droits de l’Homme.

Absence totale d'État de droit

Tout cela n’est qu’un échantillon de ce que la junte est capable de faire. Le Haut-commissariat parle d’absence totale d’un quelconque état de droit en Birmanie. La justice est instrumentalisée. Toute forme d’opposition est criminalisée. Les droits de l’Homme, déjà violés de toute part, sont en constante régression.

Le régime n’a bien sûr pas autorisé l’ONU à venir enquêter sur place. Il n’autorise déjà presque pas les humanitaires à venir en aide à la population. Mais la Birmanie vient de connaître les pires inondations de son histoire récente après le passage du typhon Yagi. Le bilan est estimé à au moins 226 morts. Cela contraint la junte à demander officiellement l’aide de la communauté internationale.

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