Cet article date de plus de douze ans.

Routeurs et prévisionnistes : les anges gardiens des pilotes et des navigateurs

Alors que les skippeurs du Vendée Globe sont partis pour plus de trois mois en mer, aujourd'hui se termine une autre aventure en solitaire qui aura duré 145 jours. Charles Hedrich vient de boucler l'Atlantique aller-retour à la rame. En course ou en expédition, ces aventuriers ont besoin de bons prévisionnistes qu'on appelle routeurs et que certains skippeurs surnomment "les sorciers".
Article rédigé par Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Tous les records, qu'ils soient maritimes ou aériens, s'effectuent aujourd'hui
grâce à un routeur, un météorologiste capable de conseiller le meilleur itinéraire
aux navigateurs. Richard Silvani, prévisionniste Météo France, accompagne les skippeurs de mono ou multicoques sur les plus grandes courses au large : Route du Rhum, Transat Jacques Vabre, tours du monde et traversées de l'Atlantique.

Les nouvelles technologies ont fait évoluer le métier de routeur.

Les modèles météo sont de plus en plus performants et la communication avec le skippeur est aujourd'hui quasi instantanée : en dix ans, les routeurs sont passés de l'envoi de fichiers texte à la vidéo en direct.

À l'aide des modèles de prévision, les routeurs anticipent les trajectoires des systèmes météo et font des projections de route à cinq, six ou dix jours selon les conditions. Les skippeurs en course déterminent leur stratégie en fonction de ces données.

5 mois et 5.000 coups de rame plus tard, Charles Hedrich est un
homme heureux. Il se rapproche de la Martinique, un moment attendu par lui, sa famille et ses amis.

Son routeur Michel Meulnet le rejoint ce week-end aux Antilles. C'est comme s'ils avaient navigué côte à côte tout au long de ces cinq mois. Michel Meulnet, en plus d'indiquer les vents, devait surtout prendre en compte la nature des courants. On ne route pas de la même manière un skippeur de voilier et un rameur.

Charles Hedrich n'est pas encore arrivé qu'il pense déjà à son prochain record : traverser
le pôle Nord à la rame aidé par la fonte des glaces. Il lui faudra par endroits traîner son bateau sur des morceaux de banquise. Encore
du routage en perspective.

Le routeur aérien raisonne, lui, en trois dimensions, avec des vents qui changent en altitude.

Pour les avions de ligne, le degré de précision est élevé : souvent à la minute près pour des vols de plus de dix heures. Bertrand Piccard (voir site concernant  Bertrand
Piccard
et sa famille) qui a fait le tour du monde en ballon, prépare avec son routeur Luc Troulemans un nouveau tour du monde en avion solaire. Dans ce cas-là, les turbulences et l'ensoleillement
s'ajouteront aux prévisions météorologiques classiques.

Annexes :

Comment sont élaborées les prévisions
météo ?

Le centre "nerveux" de Météo-France, situé à
Toulouse, (mais c'est le même modèle en Angletterre, au Japon ou encore aux Etats Unis) reçoit chaque jour des données fournies par les stations
météorologiques du monde entier. Ces données viennent de plusieurs
milliers de stations dans le monde,
ainsi que des bateaux, des avions, des ballons sondes, des radars détecteurs de pluie ou encore des images satellites de l'atmosphère.

Un supercalculateur* va
alors trier cette gigantesque somme d'informations, pour établir
un modèle numérique de prévision.

Les prévisionnistes du monde entier travaillent ensuite à l'interprétation des données suivant l'utilisateur final.

* Météo-France vient de faire l'acquisition de supercalculateurs fabriqués par Bull donnant une puissance de calcul de 1 à 5 petaflops (1 à 5  millions de milliards d'opérations par seconde!). Pour obtenir un
petaflops, il faudrait que chaque être humain sur Terre effectue 150.000
opérations chaque seconde...

 

 

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