Tennis : la longue route vers la démocratisation
Le tennis est devenu au fil des ans l'un des sports les plus populaires. La Fédération Française de tennis revendique plus d'un million de licenciés. Côté loisirs, la discipline s'est vraiment démocratisée. Pour la compétition c'est une autre histoire. Jouer au tennis reste onéreux.
Un petit club de la banlieue parisienne à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis compte plus de 350 licenciés. Norman Sulliman a grandi à La Courneuve. Il s'orientait vers le foot jusqu'au moment où il a vu un certain tennisman suisse à la télévision.
"J'ai vu un match de Roger Federer. Je ne me rappelle plus du joueur en face mais je sais que c'était à Roland -Garros. C'était classe ; c'était splendide ! Dès que j'ai vu ce match là j'ai dit à ma maman : 'J'ai vraiment envie de faire du tennis'"
C'était il y a une dizaine d'années. Depuis il passe autant de temps près des filets. Les quatre courts couverts et le terrain extérieur du tennis club de La Courneuve, il les connaît comme sa poche. Mais cette passion n'est pas donnée.
Norman fait régulièrement les comptes : les raquettes pas besoin de les changer chaque année mais il y a la licence, l'inscription au club, les baskets – une paire ne fait pas plus de deux mois – les cordages etc...
Le budget, frein à la progression
Même sans faire de folie le budget de Norman flirte avec les 1.000 euros an auxquels il faut ajouter les inscriptions aux tournois. Vingt euros à chaque fois
"Par mois, je fais deux tournois voire trois ! J'aimerais bien en faire plus. C'est sûr que si j'avais un peu plus de revenus, j'en ferai plus."
Aujourd'hui Norman Sulliman a 20 ans. Il est classé 15/2 très loin de Roland Garros même des qualifications. Et Norman le sait : avec un peu plus de moyens il aurait pu monter plus haut:
"Je me suis posé la question plusieurs fois. Je penche plus vers oui que non parce que c'est vrai que des fois on se sent bien. Je me rappelle en 2009 où j'étais sur une bonne lancée pour monter un peu plus. Je me rappelle que cette année-là j'ai dû arrêter pendant deux mois parce que je ne pouvais plus trop financer les tournois."
Place à la débrouille
À La Courneuve, le club fait tout pour proposer des tarifs les plus attractifs possibles. Mais, malgré tout, certains gamins pensent que la petite balle jaune ce n'est pas pour eux. Du coup, on se débrouille. Les adolescents et les jeunes adultes souhaitant faire de la compétition viennent filer un coup de main à l'école de tennis le samedi. En échange, le club leur rembourse une partie de l'inscription aux tournois.
Gharib Mellouk – aujourd'hui directeur sportif du club – a tapé ses premiers coups droits sur les courts aux pieds des barres des 4000. Et il a un rêve :
"Ce serait qu'un jeune issue de la formation au tennis club de La Courneuve accède à Roland-Garros et le plus fou : qu'il gagne le tournoi ! Ce serait formidable aussi pour le tennis et la démocratisation de ce sport qui pour moi existe mais qui est encore freinée sur l'aspect tournoi."
Néanmoins cela avance. Il y a 25 ans il était impensable d'avoir les structures dont le club dispose aujourd'hui.
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