Roms : vivre dans un campement de fortune
Ramona, 26 ans, a quitté la Roumanie pour la première fois il y a 10 ans. C'est depuis que sa fille est née qu'elle a décidé de rester à tout prix ici, en France. Parce que la famille est Rom, impossible de faire scolariser la petite Francesca dans son pays natal dit-elle. Dans un français encore approximatif, la jeune femme assure n'avoir voulu qu'une chose en émigrant : faire "quelque chose de sa vie" et "assurer l'avenir de ses enfants" . Elle cherche activement un emploi : femme de ménage, dame de service dans une école, lingère... Sans succès pour l'instant.
Dans le camp Voltaire, près de la Cité des Cosmonautes de Saint-Denis, tout le monde ou presque est en situation régulière. La mairie a mis ce terrain à disposition des familles qui vivaient dans le gigantesque campement du Hanul, le plus ancien campement Rom d'Ile-de-France évacué puis détruit en août 2010.
Pour aller aux toilettes, il faut prospecter auprès des voisins pour savoir qui a l'une des clés des 6 WC que se partagent les soixante familles du terrain. Pour se laver, il faut se débrouiller. Faire le minimum avec une bassine, dans la chambre. Puis parfois prendre les transports en commun pour aller aux douches municipales ou bien aller à la piscine. Même chose pour la cuisine, la vaisselle... Il faut aller chercher l'eau, la transporter l'eau dans un seau puis aller la vider, comme dans les campagnes après-guerre.
Ramona, Victor, Mona... la plupart des 300 habitants du camp Voltaire
vivent en France depuis près de 7 ou 8 ans. Tous partagent l'espoir
d'une vie meilleure qu'en Roumanie où certains comme Victor n'avaient
jamais eu de logement aussi confortable que ces Algeco prêtés par la
mairie de Saint-Denis. Avec électricité mais sans eau ni sanitaires. Pourtant, après de premières années difficiles, placées sous le signe de la misère et de
la mendicité, cette vie précaire mais légale est déjà un soulagement.
De quoi vivent les Roms du campement ? "De la ferraille ! " , répondent en coeur Victor et Misa. Peu d'hommes ont réussi à décrocher un CDD. Quand c'est le cas, c'est en général dans le bâtiment, et les contrats sont ponctuels. Alors chaque matin, les hommes du terrain partent à la recherche de déchets de chantiers ou d'appareils électriques cassés abandonnés sur le trottoir. Ils ramènent "100 à 300 kilos de ferraille chaque jour" , explique Victor, 30 ans et l'air d'en avoir 10 de plus. Le ferrailleur le leur achète... 6 centimes d'euros le kilo.
Certains continuent donc de mendier en parallèle. Une activité légèrement plus lucrative pour ces familles, pauvres avant d'être Roms, qui s'accordent à dire que cette vie "c'est toujours mieux qu'en Roumanie" .
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