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Cinéma week-end. Un inédit de Nicolas Wending Refn de 1999 sort en France

Cette semaine le public a enfin pu découvrir "Moi, Daniel Blake" de Ken Loach, palme d'or au dernier Festival de Cannes, mais il y a aussi "Bleeder", "La fille du train" et "Sing street".

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Kim Bodnia dans Bleeder (La Rabia)

Bleeder de Nicolas Wending Refn : quête de l'amour et ultra-violence

Alors que le 22 mai dernier, Ken Loach recevait à Cannes sa deuxième palme d'or, Nicolas Wending Refn était déjà rentré chez lui, bredouille, laissant sur place des fans désemparés. En 2011, le danois avait conquis Cannes avec Drive, cette année The Neon Demon en compétition a brûlé sur le bucher des vanités. Il est donc plus qu'intéressant d'aller au cinéma cette semaine découvrir Bleeder, deuxième film de NWR, réalisé en 1999, jamais sorti en France.

On y voit un Mads Mikkelsen jeunot, déjà dans la peau d'un héros déconstruit par son créateur, comme le sera plus tard Ryan Gosling. Bleeder, c'est dans le Danemark de la fin du dernier millénaire, la montée de l'extrême droite, la fin d'un monde, où la quête de l'amour pur se télescope avec l'ultra-violence.

Dérouter, ça me plait

Nicolas Wending Refn


Les acteurs y sont époustouflants et avec peu de moyens, Nicolas Wending Refn donne des clefs pour comprendre la suite de son œuvre, avant qu'elle ne tombe dans le vide. Voir Bleeder après The Neon Demon c'est déroutant, et ça, NWR adore.

La Fille du train : adaptation d'un best-seller vendu à plus de 10 millions d'exemplaires

Prenez en plus un casting de stars hollywoodiennes et vous avez un thriller hyper efficace, même s'il colle terriblement à son sujet. La Fille du train de Tate Taylor, d'après le roman de Paula Hawkins, vaut surtout pour la performance de son interprète principale. Emily Blunt est cette jeune femme, alcoolique, laminée par une séparation, et qui passe tous les jours en train devant un jolie maison où semble vivre le couple parfait. Juste à côté, son ancienne maison, où elle vivait le grand amour avant que l'alcoolisme ne bousille son couple. Son ex est toujours là, avec sa nouvelle compagne, et la fille du train, dont le cerveau est embrumé par l'alcool embarque le spectateur dans ses élucubrations, visions. Il y a une femme qui disparaît, du sang, de la vengeance peut-être, bref, enivrés par les flash-back, on meurt d'envie de comprendre et de monter dans le bon wagon de cette histoire qui a fasciné Emily Blunt.

Le coup de coeur de la semaine : voyage en musique dans les années 80

Sing Street de l'Irlandais John Carney est un délicieux bonbon acidulé porté par un casting de très jeunes acteurs irrésistibles. Dublin, à l'époque des vidéos VHS, du walkman et des premiers ravages du néo-libéralisme, dans une famille classe moyenne qui doit se serrer la ceinture. Conor change de lycée et se retrouve chez les brutes épaisses de l'Irlande prolétaire. Le gamin prend des gifles, mais tient bon, et pour séduire la plus jolie fille du quartier décide de monter un groupe de rock avec les garçons qui lui ressemblent : encore en enfance mais sacrément gonflés.

La bande sonore du film remue les souvenirs, Ah Ah, Duran Duran, The Clash, The Cure, et pour les morceaux originaux, un coup de main efficace de Bono. John Carney suit ce band dans sa progression musicale, sa soif d'émancipation et la fabrication des vidéo clips, en costumes kitchissimes, est un pur bonheur. Sing Street ravit les plus de 40 ans, mais a tout pour devenir un film culte sans restriction d'âge.

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