Cinéma week-end. "Problemos", de l'humour délicieusement méchant
Quand Éric Judor rencontre Blanche Gardin, la comédie à la française fait un bond en avant.
Quand Éric Judor rencontre Blanche Gardin, la comédie à la française fait un bond en avant
Éric Judor est un artiste de l'idiotie
Avec ses complices Ramzi et Quentin Dupieux, Éric Judor a exploré le champ de la comédie dans des registres absurdes et poétiques très singuliers. Dans Problemos qu'il réalise et interprète, il s'associe à Blanche Gardin qui a écrit le scénario et qui joue elle aussi dans ce film d'une délicieuse débilité.
Ça rie jusqu'à la fin mais ça laisse un gout amer, c'est ce que j'aime
Eric Judor
L'association Éric Judor Blanche Gradin mélange des univers, des folies qui se concentrent dans une communauté en Ardèche, une ZAD où débarque Victor, Éric Judor, petit bourgeois parisien avec femme et enfant. C'est un choc culturel permanent entre des babas cool remarquablement interprétés et ce personnage suffisant et égocentré.
Problemos est une comédie sur un sujet d'actualité, c'est aussi un film noir quand la communauté découvre qu'elle est la seule survivante d'une terrible pandémie. Éric Judor se délecte de la décadence d'une utopie généreuse en tragédie humaine.
James Baldwin a été l'un des intellectuels et militants les plus puissants de l'Amérique noire
Raoul Peck reconnait que son œuvre a été essentielle dans sa formation, I am not your negro est un bouleversant hommage, dans lequel se télescopent la pensée de James Baldwin, des images d'époque, celle de la lutte pour les droits civiques et des images plus récentes, comme si finalement rien n'avait changé ou presque aux États-Unis pour les noirs.
La parole est au-devant de la scène, mais je fais un film de cinéma
Raoul Peck
Faire du cinéma à partir des paroles
Des paroles certes fulgurantes, parfois d'un humour acide d'un grand artiste du XXe siècle, un film qui a demandé à Raoul Peck 10 ans de travail, c'est un choc salutaire, qui illustre une pensée et déconstruit une mythologie américaine qui passe par les images.
Avant que Cannes ne nous donne des nouvelles du cinéma du monde, voilà un film qui a déjà très bien voyagé dans d'autres festivals et qui, fait rare, nous vient de Géorgie.
Une famille heureuse de Nana Ekvtimishvili et Simon Groß
Une famillle heureuse de Nana Ekvtimishvili et Simon Groß fait partie de ces films qui tout en douceur, partent du singulier pour aller vers l'universel.
Dans cette famille, entassée dans un appartement vieillot de Tbilissi qui fleure encore l'empire soviétique, Manana, choisit le jour de ses 52 ans pour dire à toutes les générations qui l'entourent, dont une grand-mère tyrannique, que ça suffit, basta, elle en a marre et part habiter seule à l'autre bout de la ville.
Une histoire qui pourrait se passer n'importe où, et dont les particularités locales ne nourrissent pas une vision critique de la Géorgie actuelle, juste une photographie d'un instant familial, perturbé par un grand désir de liberté et de solitude sans rancœur.
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