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Cinéma week-end. Karim Moussaoui, le printemps du cinéma algérien

"En attendant les hirondelles" annonce le renouveau du cinéma en Algérie.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
En attendant les hirondelles (Hichem Merouche Ad Vitam Distribution)

En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui annonce la couleur

Depuis que le peuple algérien espère son printemps, des générations et des hirondelles sont passées ; à défaut de vrai changement politique, c'est clairement le renouveau du cinéma qui est en marche.      

La question qui se pose c'est : comment nous, on participe à cet immobilisme

Karim Moussaoui

Comme les cinéastes roumains avant lui, Karim Moussaoui ne parle que de politique, sans jamais ou presque parler de politique. En attendant les hirondelles est un portrait de l'Algérie actuelle par l'intime, trois histoires, trois destins à la croisée des chemins, dans des paysages à l'image du pays : le cinéaste filme avec lenteur des zones péri-urbaines, une nature aride, des lieux à l'arrêt, qui eux aussi semblent attendre un avenir radieux, la poésie est ici mélancolique.

Un homme assiste à un passage à tabac sans intervenir, deux jeunes gens sont empêchés de s'aimer par les lois du patriarcat, et un médecin qui a joué un rôle trouble pendant la guerre civile est rattrapé par son passé. La justesse du film tient aussi à la sobriété des comédiens, qui incarnent la pensée de Karim Moussaoui : si changement politique il doit y avoir en Algérie, il ne tombera pas du ciel.      

A Beautiful Day de l'écossaise Lynne Ramsay

Ce thriller franco-britannique a remporté à Cannes deux prix : interprétation masculine pour Joachin Phoenix, impérial en vétéran des guerres du Proche-Orient, tueur à gages qui se transforme en sauveur de petite fille, otage d'un réseau pédophile et prix du scénario, ce qui, avec un pitch aussi simple n'était pas justifié, mais peu importe : ce film est un exercice remarquablement maîtrisé, dont on a trop dit les références aux illustres aînés de Lynne Ramsay. En allant vers le film de genre, la réalisatrice du glaçant We need to talk about Kevin affirme son style et traite par le climat ses thèmes de prédilection : les enfances traumatiques et la violence qu'elle met à distance, voire hors champ.  

La violence est très présente dans Tout nous sépare de Thierry Klifa

Cette violence n'est absolument pas maîtrisée, tout comme l'ensemble du film. La confrontation entre une mère bourgeoise, Catherine Deneuve, égarée sur le port de Sète, et des petites frappes, vire à l'épreuve pour le spectateur tellement tout sonne faux. Seul à surnager dans ce naufrage, l'unique interprète à ne pas être acteur professionnel : le rappeur Nekfeu qui fait des débuts réussis au cinéma, son naturel, ses fragilités étonnent quand ses partenaires se noient dans le sur-jeu.  

Autre découverte de la semaine, l'acteur suédois Sverrir Gudnason

Sverrir Gudnason est Bjorn Borg dans Borg/Mc Enroe, du danois Janus Metz Pedersen, reconstitution réussie du duel entre les stars du tennis des années 80. Sverrir Gudnason n'avait jamais touché une raquette de sa vie, il n'a toujours pas assisté au moindre match de tennis, mais il est bluffant dans le rôle de Borg, sportif de haut niveau rongé par ses obsessions, la peur de perdre et aux émotions enfouies.    

 

Une longue rétrospective Clouzot débute cette semaine en France

Henri-Georges Clouzot, maître français du suspense et de l'amour fou, né en 1907, mort en 1977, a laissé une œuvre magistrale, du thriller à l'esthétique ultra-contemporaine et inachevée de L'Enfer.
Ses 12 films cultes, dont Le Corbeau, Quai des Orfèvres, Le Salaire de la peur, Les Diaboliques, sont à voir ou à revoir, en version restaurée, dans une trentaine de salles en France.      

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