Chroniques du ciel. La compagnie Norwegian en déroute
C'est une nouvelle victime de la crise sanitaire : Norwegian Air Shuttle jette l'éponge et abandonne le long courrier à bas coût. La compagnie appelle l'état norvégien à la rescousse.
Lourdement endettée, bien avant le début de la crise sanitaire, pour avoir vu trop grand, acheté trop d’avions, et subi les déboires de Boeing sur le 737 MAX, Norwegian Air Shuttle jette l’éponge sur un segment de marché où elle était pionnière et leader en Europe, le long courrier régulier à bas coût.
Dans le sillage de Level France, filiale du groupe IAG, maison mère de British Airways, en juillet dernier, et d’XL Airways avant le début de la pandémie, la compagnie norvégienne a demandé à être placée sous la protection de la loi sur les faillites en Norvège et en Irlande, où sont basés la plupart de ses filiales et de ses avions.
Plus de 2 000 nouveaux emplois vont disparaître
Ses bases en France, en Italie, au Royaume-Uni et aux États-Unis vont fermer. Lâchée par l’état norvégien, qui lui avait pourtant garanti un prêt au printemps dernier, la compagnie n’avait guère d’autres choix, pour tenter de réduire une dette colossale de six milliards d’euros à la fin du troisième trimestre à deux milliards d’ici un an.
Depuis le début de la pandémie, seuls six avions de Norwegian ont continué de voler sur une flotte de 140 appareils. Difficile dans ses conditions d’envisager quoi que ce soit sur le marché du low cost long courrier dont la reprise reste toujours incertaine, tant que les frontières seront fermées. Du coup, Norwegian ne va conserver que son activité court-moyen-courrier qui, à priori, devrait redémarrer plus rapidement au sortir de la crise sanitaire.
Une compagnie très affaiblie
C’est pour autant loin d’être gagné pour une compagnie très affaiblie qui ne s’est pas fait que des amis avec une politique post-crise extrêmement agressive, parfois au mépris de toutes règles communautaires. Les compagnies françaises s’en souviennent sur la desserte des Antilles ou de l’Amérique du Nord.
Sur le court moyen-courrier, Norwegian va devoir face faire à la concurrence de sa rivale historique, la scandinave SAS, mais aussi à la low cost hongroise Wizz Air, en pleine expansion sur le marché domestique norvégien et qui semble avoir beaucoup mieux tiré son épingle du jeu durant la crise.
De plus, l’avenir de Norwegian reste conditionné à un accord en cours de négociation avec ses créanciers, et une éventuelle aide étatique de la Norvège. "Ce que Norwegian esquisse aujourd'hui est différent de la demande que nous avions examinée en novembre l'an dernier", a réagi la ministre norvégienne du Commerce et de l'Industrie. Mais là encore, rien n’est acquis.
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