Air France contraint à la réforme
C'est mercredi, qu'Air France-KLM
publiera ses résultats trimestriels. Et comme en juin dernier, la situation de
la compagnie dont l’action est au plus bas à la bourse de Paris, suscite les
inquiétudes des spécialistes du transport aérien. Les comptes seraient encore
plus mauvais que prévu, après les pertes de près de 200 millions d’euros déjà annoncées
avant l’été et qui viennent s’ajouter au 1,3 milliards perdus depuis 2009. Mais
cette fois, même si la facture carburant reste élevée, les dirigeants de la
compagnie ne pourront invoquer les printemps arabes, un fumeux volcan en
Islande, un hiver rigoureux ou une catastrophe nucléaire au Japon.
Face à cette situation, il est fort
probable, qu’un « Profit Warning », traduisez un « avertissement
sur les résultats » soit annoncé, mercredi, une mesure destinée à
préserver la confiance du marché en le prévenant sur la réalité des profits à
venir.
Il y a quelques semaines, le départ
expéditif de Pierre Henri Gourgeon de la
direction, a mis au grand jour, la crise grave et le profond malaise qui règne
actuellement au sein de la compagnie. La grève des personnels navigants commerciaux,
hôtesses et stewards, n’a rien arrangé, ces derniers jours, même si son coût
devrait être relativement modéré environ 25 millions d’euros contre 60 millions
lors du conflit de 2007.
Cette fois, la compagnie avait
anticipé la grève et adapté son trafic, ce qui lui fait dire, toute la semaine,
que les vols étaient assurés à 80% ou 100%. Technique de communication efficace,
face à un conflit impopulaire en période de crise. Et une voix syndicale, qui a
laissé croire, qu’en diminuant le nombre de PNC, de quatre à trois sur les
moyens courriers, comme sur Easy Jet ou Ryanair, la sécurité ne serait plus
assurée de manière efficace.
Quoiqu’il en soit, Air France est
au pied du mur et n’a plus d’autres choix, que d’entamer des profondes et
cinglantes réformes. Sa trésorerie n’est pas éternelle. La concurrence des Low
cost, est acharnée. On l’a vu dans le passé, de grands majors, comme la Sabena
ou Swissair ont tout simplement disparu du paysage aéronautique. Quant à Alitalia,
en faillite, en 2009 elle a pu renaître de ses cendres après avoir licencié
l’ensemble de ses navigants pour des contrats moins avantageux.
Nathalie Kosciusko-Morizet, la
ministre de l’écologie a prévenu. « Une compagnie aérienne est mortelle,
la compétitivité d’une entreprise, c’est un véritable enjeu ». .Le
discours politique devient d’un seul coup beaucoup plus clair. Air France,
n’est plus une compagnie étatique, qui comme, en 1993, sera renflouée, par les
finances publiques.
L’époque où pour préserver la paix
sociale, et ne pas fâcher l’opinion, la direction d’Air France, avait un peu
tendance à céder, sur des revendications parfois étonnantes semble révolue. On
l’a vu cette semaine, hormis, Thierry Mariani et NKM, les politiques de gauche
comme de droite se sont montrés très discrets sur le sujet.
Air France est donc condamnée. La
feuille de route, d’Alexandre de Juniac, nouvellement nommé à la tête de la
compagnie est sans ambiguïté. Cet ancien directeur de cabinet de Christine
Lagarde va devoir prendre des mesures visant à l’amélioration de la performance
d’Air France et son suivi dans la durée.
La création des bases de Province
ne permettra pas de faire des économies suffisantes, d’autant que le court et
le moyen est un secteur largement déficitaire. L’essentiel est ailleurs. Dans
les couloirs de la compagnie, il se murmure que trois nouveaux plans de départ
seraient à l’étude et toucheraient l’ensemble des personnels, pilotes et PNC
compris. Air France souffre d’un sureffectif chronique et possède les coûts
salariaux les plus élevés parmi les grandes compagnies, plus de 30¨% contre 24%
chez British Airways et Lufthansa, un peu plus de 11% chez Ryanair ou Easy Jet.
Entre 2004 et 2009, pour renouer avec les bénéfices, British Airways, a du supprimer
près de 16 000 emplois.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.