Pascal Deyrolle, directeur général de l'Orient Express Venise-Simplon: "Le paysage fait partie du voyage"

L’idée d’un train de luxe européen naît à la fin du XIXe siècle dans l’esprit d’un ingénieur belge, Georges Nagelmackers qui, lors d’un voyage aux États-Unis, découvre ce que l’on appelle les "sleepings cars",  wagons-lits, conçus par Georg Pullman... 

Un paquebot sur rail

Son projet va être de proposer à la riche clientèle du vieux continent, un confort et un luxe digne des bateaux transatlantiques. Après de nombreuses péripéties, Georges Nagelmackers va ainsi fonder en 1876 la Le Crime de l'Orient-Express . Le 10 octobre 1882, elle lance un aller-retour Paris-Vienne exceptionnel, dans un train de luxe baptisé "Train Éclair". Il relie les deux capitales en 27h 53 min.

Le Paris-Vienne ayant beaucoup de succès, très vite l'idée va naître de le prolonger vers Constantinople, que l’on n’appelle pas encore Istanbul. Le 5 juin 1883, à 19h30, a lieu de la gare de Strasbourg (actuelle gare de l'Est à Paris) le premier départ de "L'Express d'Orient", déjà appelé aussi 'Orient-Express"...

Le crime paie pour l’Orient-Express !

L'entre-deux-guerres va marquer l’âge d’or pour ce train. Après 1918, la situation géopolitique ne permet pas de rétablir L'Orient-Express dans son trajet initial passant par l'Allemagne. En avril 1919, un second parcours est mis en place grâce au nouveau tunnel du Simplon, percé sous les Alpes entre la Suisse et l’Italie. Le train est rebaptisé : "Simplon-Orient-Express".

Afin d’améliorer le confort, toutes les voitures en teck sont remplacées par des voitures métalliques. La décoration intérieure Art déco est confiée à Albert Dunn, René Prou et René Lalique. Enfin Agatha Christie va achever de faire entrer ce train dans la légende, en situant l’intrigue de l’un de ces romans les plus célèbres. Le Crime de l'Orient-Express, publié le 1er janvier 1934 mettant en scène Hercule Poirot. 

La renaissance du Venise Simplon-Orient-Express

Après la Seconde Guerre mondiale, le train va être progressivement supplanté par l’automobile, et surtout par l’avion. Dans les années 1970, la Compagnie des Wagons-Lits décide de ne plus assurer la maintenance de son matériel et de le louer ou de le céder aux compagnies ferroviaires nationales. Les wagons sont éparpillés aux quatre coins de l’Europe.

L’histoire de ce train mythique ce serait arrêté là sans le rêve un peu fou d’un britannique, James Sherwood. Cet homme qui a fait fortune dans les années 70 avec l’hôtel Cipriani à Venise, se met en tête de reconstituer le célèbre train. Il rachète d’abord quelques wagons au cours d’une vente à Monaco, et va embaucher des ingénieurs en leur confiant la mission de retrouver les autres voitures.

Après presque cinq ans d’efforts, de restauration, de problèmes administratifs et diplomatiques, le 25 mai 1982, le Venise Simplon-Orient-Express est reparti entre Londres, Paris et Venise.

"Les passagers ont le plaisir de voyager dans des wagons restaurés datant de 1929 à 1936, précise Pascal Deyrolle. C’est une rame de 17 voitures, qui mesure 500 mètres et nous ne transportons que 124 passagers. Trois voitures restaurant, où le grand chef étoilé Jean Imbert dirige la cuisine, et un wagon bar où se trouve un piano demi-queue !"

"Vous n’êtes pas là pour aller vite, vous êtes là pour vivre une expérience. 

Pascal Deyrolle

à franceinfo