Profs : se former, toute une histoire
C’était… la pétaudière. Le lieu, ou chacun veut être le maître. Dans les locaux du tout puissant lycée Louis-le-Grand, recteurs, présidents d’académie, inspecteurs, se sont donc empressés de se rendre à ce round-up de la formation.
On entre dans la salle. A la tribune, une table ronde. Question posée : quelles sont les difficultés de la mise en œuvre de ce modèle innovant d’une composante porteuse d’un projet partenarial de site ?
Hum, hum...
Une première intervenante évoque les étudiants angoissés à l’idée de se lancer dans leur futur métier de prof. Une autre parle de situation ultime, d’enseignants recrutés sur leboncoin.fr. Hein ? Comme quand on achète une commode, ou des vêtements pas chers, et pas très beaux ? Effectivement, il y a du plomb dans l’aile de la formation des profs
Gloubiboulga de Casimir
"Il faut une véritable faculté d’éducation" , se lance un recteur d’académie. "C’est une question d’appartenance du personnel, au projet" ajoute un autre. "Tout est fonction de la soutenabilité pédagogique" , termine une fonctionnaire.
Quel gloubiboulga de Casimir, me dis-je. La formation des profs me paraît alors être un tunnel sans fin de mots compliqués. Un monsieur va me sauver, avec son accent marseillais et son costume beige pas très académique… Monsieur Ginestié va stopper net toutes ces galéjaaaades. Mettre les pieds dans le plat… et éclairer ma lanterne prête à s’éteindre.
"Arrêtons un peu !" lance-t-il à la foule en délire (non je plaisante… mais il va tout de même un peu réveiller l’assemblée). "L’important, ce ne sont pas les problèmes, ce sont les gens ! Les personnes qui veulent aller dans le projet, doivent se rencontrer, se mettre autour d’une table ! il faut parler budget ! il faut trancher… voilà tout !"
Simplicité du language… sujet-verbe-complément… et l’affaire est pliée. Enfin, dans sa tête.
La salle se met a bruisser
J’aperçois des petits rires narquois, bien académiques. "On voit qu’il n'est pas président d’une université !" , balance un homme à sa voisine. "Ça c’est sûr, que gérer une académie, c’est autre chose que se mettre autour d’une table…" , renchérit la voisine.
Monsieur Ginestié n’en a visiblement cure. Sans doute habitué. Vraisemblablement. Car il est l’un des patrons, de ce système de formation. Et qu’en plus, au-delà d’être pagnolesque. Il vient du privé. Pas académique, pour un sou.
C’est la pause. Je vais le voir. "Vous ne vous faites pas que des amis, j’ai l’impression…vous le faites exprès, de secouer le débat ?"
Lui, grand sourire, et bel accent : "Pas du tout ! Mais il faut passer au concret. Ce système réclame à chacun de se rapprocher de l’autre… pour que la formation marche, il faut que les partenaires le soient vraiment !"
Moi : "Vous parlez des couvertures tirées à soi…de la pétaudière quoi !"
Monsieur Ginestié ne dit mot. En Marseillais qu’il est, il doit se dire que ce n’est pas une petite sardine, un peu trop académique, qui va boucher le port de la formation des profs.
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