Dans la salle de rédac de Charlie
Il valait mieux avoir des vieux potes à Libé, pour pénétrer dans le sein des seins, LA salle de rédaction où les "Charlie" préparent leur prochain numéro. Il valait mieux être patiente et généreuse, aussi. Claquer des bises et faire des calinous à ceux de Libé qui n'ont pas pris le plan social la semaine dernière. Qui ont organisé des pots de départs, le coeur déchiré... tout en accueillant les survivants, les amis, de Charlie hebdo. Il valait mieux avoir le ventre bien accroché, pour oser demander à être avec eux, pouvoir les regarder travailler, faire leurs dessins, sans les déranger, sans en rajouter. A la buvette, ca fume. On est à Libé. Ca parle, mais doucement. Pas d'éclat de rire. Pas possible. Quelque part dans cette rédaction parisienne, des policiers gardent une porte.
A Charlie, on ne se nourrit pas de symboles
Derrière : les "Charlie" essaient de boucler le prochain magazine. Il pourrait être assez joyeux, me dira t on plus tard. Entrer dans la salle, tout doucement, après un coup de fil à l'un des camarades Charlie. S'assoir. Ne pas bouger. Les observer, noter les silences de ce cocon. Les regarder se jeter gaiement, sur une boite de chocolats. En sourire.
Puis, entamer une petite conversation avec deux d'entre eux. Moi: "J'ai l'image d'une rédac un peu fermée, Charlie Hebdo..Je sais pas...". L'un d'eux: "Mais pas du tout Nathalie! Si tu savais les discussions qu'on avait...Les gens venaient de tout bord".
Mélange, vécu.
A Charlie, on ne se nourrit pas de symboles. On ne mange pas de principes au petit déjeuner. On vit. Leurs nourritures: du vécu, des actes assumés, des choix, de la solidarité pour de vrai.
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