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C'était comment ? "On est désolé pour l'Amérique"

Il est élu. Donald Trump est à la tête des États-Unis. Chez nous, Paris Photo, un salon international de photographie qui se tient au Grand Palais a démarré. Nathalie Bourrus y était.

Article rédigé par franceinfo, Nathalie Bourrus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Donald Trump le nouveau président des États-Unis   (MANDEL NGAN / AFP)

C’était… même pas peur.

Une femme nue, un noir au point serré, une route sans fin. Pierre et Gilles qui rigolent, Patti Smith qui fait la tête.

C’était : Hein ? Qui ça ? Donald Trump élu ? C’est qui ça ?

Elle : "Mais arrêtez de le diaboliser !" me lance une américaine, ébahie, face à une photo du sénégalais Omar Victor Diop

Moi : "Mais, mais ! C’est pas la question, c’est que… heu..."Je peine à trouver mes mots.

Elle :"Écoutez, je suis franco-américaine, j’ai voté Hillary bien sûr, mais il ne faut pas exagérer ! Trump ne va pas faire n’importe quoi, c’est un homme, un père de famille !"

Moi : "Mais par exemple, tout ce qu’il a dit sur les mexicains, sur les femmes... »

Elle admirant cette expo décidemment très réussie organisée par une célèbre marque d’anisette : "mais oui bien sûr, mais bon, en France, il y a aussi de quoi réfléchir."

Elle me tire les mots de la bouche. Et de celle de mon voisin. La France. On nous sert des coupes de champagne. On les boit, les unes après les autres, comme si c’était le dernier jour de notre vie. "Je crois, que je vais en reprendre une", me dit ce voisin. Il regarde les tissus africains, utilisés par le photographe, avec des visages imprimés.

On pourrait y mettre celle de Trump, ça ferait un tabac. Tu vois, avec sa mèche ah oui, ça marcherait à fond

un voisin

Il a raison, ça marcherait. D’ailleurs, tout a marché jusqu’à présent. Je quitte le stand. Je déambule, dans ce Paris Photo. L’Amérique est là, partout. Dans l’appareil de Paul Fusco, qui a suivi le cercueil de Robert Kennedy, le 6 juin 1968. Dans une chaleur torride, il s’est installé sur le train qui transportait le corps. Et il a shooté, l’Amérique. Toute l’Amérique. Les blancs, avec leurs progénitures impeccables, dans leurs jardins nickel. Les paysans, avec leurs enfants maigres. Les noirs, dans la suie et la misère. Les bonnes sœurs, chapelet a la main. Les dames, chics, et leurs foulards soyeux. Tout y est.

Plus loin, Patti Smith et Robert Mapplethorpe, en 1971

Décadence, dirait certains, des créateurs, pour les autres. Le galeriste, nous raconte les histoires du Pop art de Warhol, de Dylan. Il se dit "désolé", de ce qui se passe.

Hein ? Il se passe quoi ? Qui ça ? Donald Tromp ? Il a été élu ? Je ne vois pas du tout

Le galeriste

Je continue. L’Amérique, dans son entier, est là. Je regarde la photo de David la Chapelle. Un hamburger géant, qui écrase une fille en talons aiguilles. C’était en 2001. Image effarante. Pourvu qu’en mai prochain, un jambon beurre dévastateur, n’écrase personne en France.

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