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C'était comment ? Notre-Dame de Paris pleure

Paris a été touché, une fois encore, par les attaques terroristes : mardi, à Notre-Dame, un policier a été agressé au marteau par un homme de 40 ans, qui a été neutralisé. Nathalie Bourrus est retournée sur le parvis de la cathédrale.

Article rédigé par franceinfo, Nathalie Bourrus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La cathédrale Notre-Dame (archives). (MAREMAGNUM / PHOTOLIBRARY / GETTY IMAGES)

C’était… déroutant. Ce parvis, d’ordinaire noir de monde, était ce matin juste une place pavée, bourrée de pigeons dévorant des miettes de pain. Une place pavée, où quelques guides traînaient derrière eux des touristes japonais ou italiens.

Une place quasiment vide, et entièrement sinistre.

"Viens, on entre !" Ça, c’est une jeune, son mec sous le bras.

"Bof, on n’est pas obligé, je n’ai pas envie de monter les marches !"

"Allez, viens. Tiens moi la perche."

La perche… celle destinée à faire un énième selfie. Car ici c’est aussi le parvis sinistre des perches à selfies.

Moi : "Vous ne voulez pas entrer. C’est à cause de l’attentat d’hier ?"

Eux, étonnés : "Ah non, c’est pour ne pas être obligés de monter tout en haut."

Déroutante, cette réponse, un lendemain d’attentat. Je me mets dans la file d’attente avec eux. Je n’ai pas envie d’attendre. Ça tombe bien, on n’attend pas.

A l’entrée : un seul vigile, pour la sécurité de tous. Je pose mon sac sur la table blanche, je l’ouvre, il regarde à peine. Derrière moi suivent des touristes, avec des valises à roulettes. Même topo, pas de fouille de bagages. Et nous voilà à l’intérieur.

Toc, toc, toc, je vais à confesse

Notre-Dame de Paris… un pilier du tourisme français percuté hier… si calme aujourd’hui. Les bougies, dans les petits pots rouges, éclairent les vitraux. Une dame glisse deux euros dans la boîte à offrandes. Des ados hilares filment un homme en train de se confesser.

"Arrêtez, quel manque de respect !", s’insurge leur prof d’anglais.

Ils s’éparpillent comme des moineaux, riant de plus belle.

Toc toc. Ça c’est moi, à la porte du confessionnal. Et oui. Pourtant, j’ai commis zéro péché, je le jure.

"Entrez, prenez place", me lance le prêtre en soutane, derrière un petit bureau.

Moi : "C’est-à-dire que… en fait je suis journaliste à franceinfo."

Lui : "Asseyez-vous, si vous le souhaitez."

Et me voilà face à une sorte de Dalaï Lama. Un homme touché, impliqué, outré, par notre monde tel qu’il ne tourne pas bien.

"Nous sommes dans un tourbillon épouvantable", me confie t il.

Et pendant qu’un centre de contre-terrorisme est créé à quelques pas de là, par le président de la République, cet homme de prières aimerait qu’un programme de contre-pauvreté soit enfin mis sur pied.

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