C'était comment ? La Fiac, avec vue sur le monde
La Fiac, édition 2016, ouvre ses portes au Grand Palais. 186 galeries et une vue sur le monde. Nathalie Bourrus y était.
C’était… en direct du monde. Dans les allées du Grand Palais, il y a de quoi perdre la tête. Une œuvre, deux tableaux, 15 miroirs, 250 photographies, des centaines de toiles…180 000 neurones en marche, pour regarder le monde, tel qu’il s’en va.
Ça se passe comme ça, à la Fiac. C’est du commerce certes, et même du gros. Mais il faut, aussi, avoir le cerveau et le cœur bien accrochés.
Pour moi, ça a démarré fort. Avec un artiste, qui va me scotcher, comme une glue. Je vois une bâche. Dessus, un couple, dessiné au fusain… une femme étreint un homme. Elle l’embrasse, à pleine bouche. C’est fort, c’est violent.
Un baiser, la guerre, Pearl Harbor
Moi : "C’est qui l’auteur ?"
"Adel Abdessemed", me répond le galeriste, installé à Tel Aviv et à Bruxelles.
Moi : "Et la bâche derrière, c’est quoi, elle vient d’où ?"
"En fait, l’artiste cherchait une bâche militaire, datant de 1953."
Moi : "Ah c’est pratique, comme recherche."
Il sourit, poliment. "C’était lié au film From Here to Eternity, sorti en 1953… ce baiser, vient de là."
Et quel baiser ! Celui de Deborah Kerr et de Burt Lancaster, sur la plage abandonnée, dans le film Tant qu’il y aura des hommes.
Lui : "Cette œuvre parle de la guerre, de Pearl Harbor."
Moi : "J’adore ce baiser, sur une bâche de guerre. C’est antinomique, c’est très beau."
Lui : "La guerre à fuir… la guerre, là, devant nous."
Les artistes savent, leurs œuvres parlent
La Fiac se passe, donc, cette année, en direct du monde. Je tombe alors, sur une vue… une vue sur une ville… un soleil brûlant sur une ville qui attend la guerre. Les Libanais Khalil Joreige et Joanna Hadjithomas présentent le chaos du monde.
J’étouffe, je lève les yeux. Le drapeau français flotte sur le Grand Palais. A la Fiac, le drapeau pourrait changer de couleur… Des enfants meurent à Alep, on le sait… Des femmes se font violer dans des camps, on le sait… Des présidents s’entretuent, pour le pouvoir, on le sait.
Et les artistes le savent aussi, et ils en parlent.
Je monte à l’étage. Nil Yalter, artiste turque vivant à Paris, fait des vidéos de migrants. Des Polaroids, des dessins… elle recueille les objets de leurs multiples vies.
En direct du monde, la Fiac est dehors, aussi. Dans les jardins des Tuileries, venez voir l’art ! On vous parlera de… Lampedusa
A la Fiac, vous n’échapperez à rien. Surtout pas aux griffes du monde actuel.
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