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C'était comment ? Hergé, l'homme hanté

Une exposition consacrée à Hergé, le créateur de Tintin, se tient au Grand Palais jusqu'au 15 janvier. Une rétrospective sur un homme, plutôt torturé.

Article rédigé par franceinfo, Nathalie Bourrus
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le portrait d'Hergé brossé par Andy Warhol, un des tableaux de la rétrospective du Grand Palais  (GINIES/SIPA)

Au travers de cette ballade, dans l’œuvre d’Hergé, on découvre les angoisses et les mystères de ce graphiste. Dès le début de l’exposition, Michel Serres parle de lui :  "L’œuvre d’Hergé est très humaine, avec des significations parfois cachées", dit le philosophe. Le Grand Palais est presque vide. On a le temps et l’espace, pour découvrir, cet enfant, appelle Georges Remi, que l’on dit alors "insupportable", qui n’est sage que lorsqu’on lui met un crayon entre les mains.  Qui, tout petit déjà… met la page du cahier, à l’horizontale, comme une planche. 

Petit garçon, puis jeune homme assez vite hanté par la folie, dont il a peur d’être la victime. Hergé, sauvé par la découverte de l’Orient, de la Chine. Dans l’une des salles du Grand Palais, fusains, pinceau, écritures sont conservés dans une vitrine. On nous parle de son engouement pour un jeune chinois, Tchang Tchang Jen, rencontré en 1936. Cela donnera, Le Lotus Bleu

À partir du Lotus, le dessinateur ne cessera de se documenter, lui et les équipes de Studios Hergé. C’est la belle épopée, la gloire, entachée par la guerre. La belle réputation, éclaboussée par sa non-résistance à l’occupant.  Hergé publie en flamand, et en 1942 l’Étoile mystérieuse paraît. C’est période noire, de Georges Rémi.  Entre 44 et 46, certains pensent qu’il est devenu fou. 

Dans ce Grand Palais, une petite fille court avec sa tablette, après ses personnages, projetés en ombre, sur le sol. Ombres noires, comme l’est la déprime qui envahit, ce travailleur infatigable. Il cherche, il cherche sans arrêt. 

Obsédé par la lune

À prouver quoi ? Qu’il est un homme heureux, peut être… Qu’il peut dompter ses démons sans doute. Dans les années 50, il se met à s’obséder, pour… la lune ! Il veut envoyer son Tintin, là-haut, très très loin. Dans une salle, elle est plantée là, au beau milieu : la fusée. Mais les rêves, et les crises nocturnes d’Hergé se poursuivent. Ce qui permet, en 1958, d’entamer une autre aventure, une longue marche dans le blanc. 

Cela donnera Tintin au Tibet, une œuvre éminemment personnelle. 

"À un certain moment, disait Hergé…dans une sorte d'alcôve d'une blancheur immaculée, est apparu, un squelette, tout blanc, qui a essayé de m'attraper. Et à l'instant, tout autour de moi, le monde est devenu blanc, blanc." 

Quel homme était Hergé ?

Tintin, Haddock, les Dupond. L’homme de tous les visages, de toutes les humanités. 

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