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C'était comment ? Faire garder ses enfants est un combat

Un plan d'action est en préparation, sur la garde des enfants de moins de 3 ans. Des spécialistes étaient réunis aujourd'hui au ministère des Familles, avec Laurence Rossignol. Nathalie Bourrus y était

Article rédigé par franceinfo, Nathalie Bourrus
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une crèche en entreprise en Alsace, en 2010. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

C’était… déprimant. Quand on est arrivé au chapitre "articulation vie professionnelle-vie familiale", j’ai cru que j’avais a à faire a une partie de Rubik’s Cube. Ou alors qu’on me demandait de monter un meuble Ikea.

Pourtant au début, ça allait à peu près. Un sociologue nous a parlé des grands parents, comme mode de garde… un truc sympa. "La garde intensive des enfants par les papi-mamie concerne moins de 3% d’entre eux, nous dit-il. Les parents, en France, ont une préférence pour les modes de garde classique. On utilise les grand parents en cas de d’urgence, ou pendant les vacances… On ménage nos propres parents, pour préserver la vie familiale de chacun." Bref, que du positif.

Mais très vite le tableau est devenu, tout laid. Question sur le tapis : que font les entreprises, pour aider les parents ? Ah ! là, visiblement, ça ne se bouscule pas au portillon !

Une histoire à la marge

Une spécialiste du sujet vient alors nous raconter, calmement mais distinctement, qu’il existe, chez les entreprises, des réticences à monter des crèches sur site. Mais qu’en plus, nous dit Delphine Brochard, les boîtes dans leur grande majorité sont réticentes à aménager le temps de travail. "Elles sont d’accord sur la flexibilité, sur le temps de travail, par exemple, explique l’économiste. Il y a même des accords signés parfois, mais ils sont vides." Vides ? J’ai bien entendu : vides.

Quelqu’un, dans la salle, la relance. Elle réexplique. "En fait, d’après mes enquêtes, cette problématique de garde d’enfants, qui handicape le plus souvent la mère (puisque en majorité c’est elle qui renonce à sa carrière), est vécu comme une histoire à la marge… et même comme une question de genre… de femmes quoi…"

J’en tombe à la renverse. Cette fille qui nous parle a donc fait des rapports, études, tableaux XL, limite scientifiques, et nous dit que l’histoire de la garde d’enfants est un épiphénomène pour les employeurs.

Les 35 heures pour les enfants

Relance dans la salle : "Vous nous dressez un constat très dur, sur un sujet qui concerne la société. Mais à quoi servent vos rapports ?"

La spécialiste : "Ils sont lus, publiés… mais la question est vécue comme anecdotique."

Une dame relance, encore le sujet : "Il faudrait contraindre les entreprises, dit-elle. Parce que moi, en tant que professionnelle de l’enfance, je les vois les enfants. Ils souffrent de l’absence de leurs parents."

L’assemblée est touchée au cœur, moi la première. Ce n’est pas nous, qui faisont les 40, 50 ou 60 heures… C’est eux, nos enfants. Et dans une ultime enquête, j’apprends que quand les parents font plus de 39 heures par semaine, l’enfant de moins de 3 ans, lui, fait les 36 heures et demie.

Mais sans nous.

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