C'était comment ? Des maires en mal de paroles
Suite de l'opération "On fait quoi demain" de l'AMF et de franceinfo, 800 maires de France étaient à la Maison de la radio, à Paris, mercredi. Ils sont venus écouter les propositions des candidats à l'élection présidentielle. Nathalie Bourrus y était.
C’était... vivant. Vivant, quand Jean Lassalle, inénarrable maire d’une commune des Pyrénées-Atlantiques, vient, les bras tendus, faire rire avec son accent truculent : "Je suis le maire depuis quarante ans d’une commune immense : 160 habitants. Mais il y a 30 000 hectares aux alentours !"
De sa grandeur par la taille et le verbe, il s'adresse au président de l'Association des maires de France (AMF), François Baroin, et à ses acolytes, tous assis au milieu de la scène. "Il existe, dit-il, une rencontre charnelle entre l'homme et le territoire. Mais les paysans s'éteignent dans le silence glacial des petits matins, où sonne le glas." Il nous tire presque des larmes. C'est beau, et... vivant. Tonnerre d’applaudissements de ces centaines de maires.
Tandis que Philippe Vandel, notre super meneur de jeu, rappelle que "c'est quinze minutes pour chaque candidat" - "C'est comme pour les œufs, il faut surveiller" - Jean Lassalle termine : "Surtout, tenez bon !" Et puis, il s’en va.
Place aux questions des maires. Une dame, puis deux, prennent la parole. Des phrases interminables. Des maires qui s'emparent du micro et ne veulent plus le lâcher. "C'est ça, nos vies, me confie ma voisine, la maire d’une commune de 13 000 habitants. On doit assumer beaucoup de choses. On est sollicités sans arrêt et sur absolument tout. On se sent parfois seuls."
On a envie de tout raconter, de raconter nos vies.
une maireà franceinfo
Je sors du studio 104. Car Emmanuel Macron, l'homme que tout le monde veut approcher, arrive. Il est l'homme qui attire, comme des moules accrochées à un rocher. Forêt de micros, perches et caméras. Sur scène, l'homme évoque la quasi disparition de la taxe d’habitation, qu’il préconise. Huées d’une partie de la salle. Le candidat réplique fissa, assurant n’être pas là pour se faire siffler. Mon voisin, venu de loin : "Vous voyez, on n’est pas des mous dans les campagnes ! On existe !"
Question dans la salle. Sur la dotation, qui décline de façon vertigineuse. Et ça râle encore et encore chez ces maires, en mal d’expression visiblement. Ce terrible besoin de parler. "Bon, on va dîner où ce soir ? " Mes voisins, visiblement, ne perdent pas le nord. "Nous, quand on ne râle pas, on maaaannnnge", me lance en riant un maire de petite ville.
Ah ! Mais voilà que François Fillon est annoncé. Et la tension mooooonte. "Avec lui, c'est plus compliqué, me confie un maire de droite, gêné. On ne sait pas trop où on en est... Mais bon, allez, on va continuer à vivre hein ! D'ailleurs, on a trouvé le resto pour ce soir."
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