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Présidentielle 2022 : pourquoi veulent-ils tous débattre avec Emmanuel Macron ?

Valérie Pécresse exige un débat de premier tour avec lui, Marine Le Pen annonce qu'elle ne débattra pas s'il est absent... Emmanuel Macron continue pourtant de refuser de se plier à une quelconque confrontation avant le premier tour. Risqué ou pas ?

Article rédigé par franceinfo - Laëtitia Krupa
Radio France
Publié
Temps de lecture : 127 min
Deux personnes se tiennent près d'une affiche de campagne d'Emmanuel Macron lors d'un meeting du parti La République en Marche le 12 mars 2022. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)

Depuis l'entrée en campagne d'Emmanuel Macron, c'est devenu un sujet de fixation de ses adversaires : tous veulent le faire descendre de son piédestal de chef d'Etat confronté à la guerre en Ukraine, pour l'affronter en tant que candidat qui aurait à défendre le bilan de son quinquennat.

Laëtitia Krupa : pourquoi les adversaires d'Emmanuel Macron tiennent-ils absolument à ce débat du 1er tour ?

Gaspard Gantzer : On l'a entendu, ils avancent avant tout l'argument démocratique, la nécessité d'avoir un débat entre candidats pour qu'il y ait confrontation des projets et des idées. Par ailleurs, il y a un argument tactique, le président de la république est très en avance dans les sondages, de près de dix points et s'ils veulent rebattre les cartes du premier tour il faut bien qu'ils fassent descendre le président dans l'arène.

Ont-ils les moyens de faire céder Emmanuel Macron, en appelant par exemple l'opinion publique à faire pression ? Les sondages indiquent que 60 à 70% des Français veulent que le président sortant débatte avant le premier tour...

Je doute que les Français commencent à faire des manifestations pour réclamer des débats de premier tour. En revanche, il est tout à fait possible que les candidats, à chaque fois qu'ils prendront la parole au cours des prochaines semaines demanderont ces débats, et que l'accumulation de ces revendications, la répétition de ces demandes puissent finir par faire céder le président de la république, bien que cela reste très peu probable.

Les débats commencent à être organisés, jeudi soir Valérie Pécresse affrontait Zemmour sur TF1 et LCI, mais Marine Le Pen a d'ores et déjà annoncé qu'elle ne participerait à aucun d'entre eux si Emmanuel Macron n'était pas présent.
Du coup, les propositions se multiplient. La dernière en date est celle de Xavier Bertrand qui proposait au président sortant de faire quatre débats avec les quatre candidats les mieux placés dans les sondages. Proposition restée lettre morte.
Emmanuel Macron a trouvé la parade : il accepte les débats mais... avec les Français. Et il a posé ses conditions, dès son premier déplacement de campagne lundi à Poissy.

A un mois du premier tour, la position d'Emmanuel Macron est-elle tenable ?

Oui, elle est tenable parce qu'il est le seul à décider d'aller débattre ou pas, il n'y a pas d'obligation légale ou constitutionnelle qui le conduirait à le placer face à ses adversaires. Et puis, il peut s'appuyer sur les président historiques, aucun président sortant n'a fait de débat du premier tour. Mais c'est un argument qui peut se renverser aussi : avant 1974, il n'y avait pas de débat de deuxième tour et avant 2012, il n'y avait pas de débat lors des primaires.

Quels sont les risques pour lui s'il ne participe à aucun débat de premier tour ?

Il y a un risque de court terme : qu'il manque d'entraînement lorsqu'il devra débattre entre les deux tours. Et comme ce débat aura lieu, il pourrait être confronté à un ou une candidate qui a été habitué(e) à débattre pendant cinq ans, alors que lui n'a eu aucune confrontation politique depuis le début du quinquennat. Le deuxième risque est celui de la légitimité démocratique. Aujourd'hui, on voit bien que la campagne n'a pas vraiment lieu, en tous les cas, pas celle de la défense du bilan du président de la République. Peut-être que s'il est élu au bout du compte, il manquera une explication, des explications pour son bilan et son projet.

La grande confrontation des candidats, sorte de premier tour médiatique, organisée pour la première fois en 2017 où les onze prétendants s'étaient affrontés pendant près de quatre heures n'aura visiblement pas lieu.

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