Une nouvelle étude pointe les limites de la semaine "en" quatre jours

Journées de travail bien plus fatigantes, problèmes de garde d’enfants, risque de contreparties…. la semaine de travail en quatre jours n’est pas, selon une étude, la panacée pour tous les salariés.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Compacter 5 jours de travail en 4 permet d'obtenir une journée supplémentaire de repos, mais à quel prix ? (PHILIPPE ARNASSAN / MAXPPP)

Certains y voient le bonheur pour tous, l'équilibre parfait entre vie personnelle et contraintes professionnelles, une forme d'harmonie sociale. La semaine de travail compactée en 4 journées recèle pourtant des écueils, que pointe une étude. Le détail avec Sarah Lemoine.

franceinfo : Quel est le principe de cette semaine "en" 4 jours ?

Sur le papier, la semaine compressée en quatre jours, sans réduction du temps de travail séduit un actif sur deux. C’est ce que révèle une étude du groupe Adecco et du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), qui ont sondé 3000 personnes l’automne dernier. La moitié affirme que cette forme d’organisation du travail, avec un jour off par semaine, permettrait de mieux équilibrer leur vie, à priori. Près d’un tiers estime que cela ne changerait rien à leur situation. 21% ne seraient pas satisfaits. Enfin, 4% quitteraient leur entreprise ou ne postuleraient pas si leur emploi était soumis à la semaine en 4 jours.

Quels sont les écueils anticipés ?

La fatigue liée à l’allongement des journées. Elle est mentionnée par un tiers des actifs interrogés. Principalement ceux qui travaillent plus de 36 heures par semaine, mais aussi les employés et les travailleurs du BTP. C’est d’ailleurs l’une des principales raisons qui pousse certains salariés volontaires à demander un retour à la semaine de cinq jours, d’après l’étude, qui a également questionné des DRH qui expérimentent la formule. Un tiers des actifs redoutent aussi des contreparties négatives. Ne pas pouvoir choisir son jour off, avoir moins de RTT. Une partie des DRH confirme que la restriction du télétravail ou la diminution des tickets-restaurants par exemple, fait partie des déconvenues pour les salariés. Enfin, la semaine en quatre jours, qui oblige à arriver plus tôt au bureau et à en repartir plus tard, induit des frais de garde supplémentaires pour les enfants scolarisés.

Quels sont les profils les moins adaptés ?

Les familles monoparentales, qui ont des contraintes d’organisations beaucoup plus fortes que les autres actifs. Mais aussi les personnes en situation de handicap ou atteintes de maladies chroniques. Elles sont plus réservées et plus sensibles aux effets sur leur santé. Les entreprises qui imposent l’expérimentation à tous leurs salariés et qui n’ont pas pris en compte ces profils au départ, ont dû souvent rectifier le tir au fil de l’eau. Ces résultats suggèrent donc que la semaine en quatre jours n’est pas l’alpha et l’oméga. Juste un outil parmi d’autres pour mieux équilibrer vie personnelle et vie professionnelle. Le dispositif du "Temps convenu" – qui consiste à établir des plannings sur mesure chaque semaine, en fonction des contraintes des salariés – peut aussi être une solution dans certaines situations, indiquent les auteurs de l’étude.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.