Santé : alerte sur les dangers cachés du télétravail
Des dizaines cabinets de prévention des risques au travail alertent sur les dangers insidieux du télétravail ainsi que sur de nouveaux conflits au sein des entreprises.
23 cabinets de prévention des risques au travail alertent sur les dangers insidieux du télétravail. Des risques d’autant plus difficiles à repérer que le salarié lui-même a tendance à les minimiser. Des risques avec le télétravail que l’entreprise a du mal à identifier. Mais aussi, en effet, dont le salarié en télétravail lui-même peine à s’apercevoir. François Cochet, le président de la Fédération des intervenants en risques psycho-sociaux, utilise la métaphore de la "grenouille". On rajoute un peu d’eau chaude dans son bocal, progressivement, sans qu’elle ne s’aperçoive de rien, et à la fin elle meure.
Ainsi, le premier risque identifié par la fédération, qui vient de distribuer un guide à 6 000 entreprises publiques et privées : le salarié en télétravail maitrise moins bien les nouvelles tâches, les nouveaux savoir-faire. "Il est cantonné au travail d’hier" pour reprendre l’expression de François Cochet. Ceux qui sont sur site font le travail de demain. S’il est à un an de la retraite, ça ne pose pas de problème. Mais s’il est plus jeune, il devient fragile en cas de restructuration et de réduction de personnel. C’est d’abord à lui qu’on va penser.
Le télétravail créerait aussi un nouveau type de conflits. Pour François Cochet, au travail, parfois, ça fait du bien de "s’engueuler un bon coup", d’exprimer face à face son désaccord. En télétravail, où les échanges se font par mail, par messageries ou par réunions virtuelles, la fédération des intervenants en risques psycho-sociaux prévient qu’il y a un danger de voir des malentendus s’installer, des situations se pourrir et s’envenimer.
L'addiction au tabac revient vite en télétravail
Autres risques insidieux, ceux liés aux addictions et à la sédentarité. Les spécialistes soulignent qu’en entreprise, les règles limitent par exemple la consommation de tabac. Pas besoin de descendre au pied de l’immeuble pour s’en griller une quand on travaille chez soi. Même chose pour les addictions au numérique, à l’alcool ou aux médicaments. Le télétravail agit aussi silencieusement sur la sédentarité.
Pour beaucoup de salariés, la seule activité physique consistait à marcher pour prendre les transports en commun. Des risques que les salariés eux-mêmes ne veulent pas voir, c’est l’un des dangers pointés par les experts des risques psycho-sociaux. Un travailleur qui s’économise deux heures de transports et qui gagne en concentration ne voudra pas voir que d’autres problèmes s’accumulent et, en aucun cas, il ne voudra en parler à son chef, de peur qu’on lui retire ses avantages.
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