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Recrutement : mieux vaut avoir une taille mannequin pour trouver un emploi

Les critères physiques pour embaucher du personnel sont loin d'être négligeables. En particulier pour un emploi en contact avec la clientèle.

Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une candidate passe un entretien d'embauche. Photo d'illustration.
 (MAXPPP)

Pour être embauché et pour toucher un bon salaire, mieux vaut être grand, beau et mince, et la règle vaut encore plus pour les femmes : c’est ce que rappelle un ouvrage collectif, dans lequel des universitaires décortiquent ce phénomène. Psychologie des beaux et des moches, c’est le titre de cet ouvrage très sérieux, dirigé par le journaliste et psychologue Jean-François Marmion, qui vient tout juste de paraître aux éditions Sciences humaines. Où l’on rappelle quelques – cruels – modes de fonctionnement du monde du travail.

Selon le sociologue Jean-François Amadieu, qui a beaucoup étudié les discriminations basées sur l’apparence physique, l’influence du fait que l’on apparaisse comme beau ou laid est particulièrement forte mais elle est considérée en France comme un phénomène naturel et même souhaitable. Le sociologue, qui signe un résumé du livre sur le site slate.fr, rappelle quelques chiffres marquants. Pour la moitié des Français, il est acceptable de refuser d’embaucher un candidat à cause de son poids. Pour quatre Français sur dix, la taille peut aussi justifier le rejet d’une candidature. L’âge et l’apparence physique – deux critères très corrélés, comme diraient les sondeurs – sont les deux premiers motifs de discrimination, selon un sondage mené par le Défenseur des droits et l’Ifop. 

Une "prime à la beauté"

À CV similaire, pour un poste d’accueil, une candidate mince a six fois plus de chances d’être embauchée qu’une femme en surpoids. Même quand les employeurs ont du mal à recruter, ils continuent d’écarter les personnes obèses ou seniors. Les recruteurs sont formels : pour un poste en contact avec la clientèle, la beauté est essentielle. Six recruteurs sur dix sont de cet avis. Mais même quand l’emploi est éloigné des clients, la discrimination persiste. 40% des recruteurs jugent décisive la beauté des candidats dans leur entreprise et 80% des Français estiment qu’une personne au physique peu agréable n’a pas les mêmes chances d’être embauchée.

La différence persiste dans le salaire. Jean-François Amadieu, qui est l’auteur notamment du livre Le poids des apparences, aux éditions Odile Jacob relève qu’en France, les hommes de petite taille ont des salaires inférieurs aux autres. Qu’une serveuse à forte poitrine habillée en rouge recueille de meilleurs pourboires. Et qu’une avocate considérée comme belle a également de meilleurs revenus que les autres. Un économiste américain évalue cette prime à la beauté à un salaire supérieur de 17%. Soit l’équivalent de deux ans d’études. Toute discrimination sur le physique est interdite mais seulement en France et en Belgique. En Europe, seule l’obésité est depuis peu reconnue comme un motif de discrimination.

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