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Quand les handicapés intellectuels traduisent des textes en français facile à lire et à comprendre

Environ 120 000 handicapés intellectuels – trisomiques, polyhandicapés, autistes – travaillent dans des établissements spécialisés dans la retranscription.

Article rédigé par franceinfo, Philippe Duport
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Une personne lit un livre. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Un nouveau créneau s'offre aux handicapés intellectuels : la traduction en français "facile à lire et à comprendre". Ce secteur connait un véritable boom. Le mouvement est tout récent et il explose depuis un an ou deux. En France, une quinzaine d'Esat, ces établissements et services d'aide par le travail, se consacrent à cette tâche : faire traduire par des personnes handicapées intellectuelles des documents rédigés en français courant, et leur faire vérifier que le contenu de services en ligne est bien compréhensible par le public des personnes handicapées intellectuelles, mais pas seulement.

Il y a par exemple des banques qui demandent aux personnes handicapées de tester leurs services digitaux et de s'assurer qu'ils sont accessibles à tous, et même des fabricants de jeux vidéos. Marie-Aude Torres Maguedano, directrice exécutive de l'Unapei, association qui représente les personnes handicapées intellectuelles et leurs familles : "Des acteurs comme Ubisoft font appel aux personnes handicapées intellectuelles pour tester leurs jeux parce qu'elles se sont rendues compte qu'en adaptant les jeux aux personnes handicapées intellectuelles, elles développaient la qualité de leurs jeux. L'évolution technologique de notre société passe par les besoins des plus fragiles."

Un travail valorisant

De plus en plus de services de l'Etat, d'entreprises, de collectivités ont recours aux handicapés intellectuels pour faire traduire leurs textes, adapter leurs sites. Une véritable valorisation pour ces personnes. Marie-Aude Torres Maguedano : "Les entreprises ou les services de l'Etat qui font traduire en facile à comprendre leurs textes se sont rendues compte que le bénéfice était pour tout le monde." Les handicapés intellectuels qui font de la manutention, de l'emballage, de la logistique, de la saisie informatique, c'est toujours très courant, mais ce nouveau secteur de la traduction pourrait bien tout changer. "C'est un créneau d'avenir pour les personnes handicapées intellectuelles et il y a plein de métiers qu'on n'imagine pas aujourd'hui" explique Marie-Aude Torres Maguedano.


Problème, de nombreuses personnes handicapées qui pourraient travailler ne le peuvent pas faute de place dans les Esat. Même si on est reconnu apte à travailler par la Maison départementale du handicap, il faut parfois attendre plusieurs années avant d'intégrer un Esat. Des listes d'attente qui s'allongent : les personnes handicapées intellectuelles revendiquent de plus en plus souvent le droit de travailler, de s'insérer dans la société, tout simplement.

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