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Les petits patrons aussi sont stressés par leur travail

Après s'être rassemblés hier, ils manifesteront demain à Lyon : les petits patrons ne sont pas contents. Un universitaire suit leur santé depuis cinq ans. Et ça n'est pas brillant : mauvais sommeil, moins de vacances, plus de stress...
Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Patron stressé © Maxppp)

Les petits patrons tirent un peu fort sur la corde

Ils dorment moins que les autres, ils prennent moins de vacances, ils risquent l'épuisement professionnel, davantage que la moyenne des Français... Les petits patrons, ceux qui ne dirigent que quelques salariés, tirent un peu trop fort "sur la corde".

Ils manifestent toute la semaine, et se regroupent demain à Lyon avec les "grands"  du Medef. Leur santé ne figure pas parmi leurs revendications : ils protestent en fait contre le compte pénibilité et les nouvelles règles du temps partiel, notamment... Mais ils ne sont pas tous au mieux de leur forme. A en croire un professeur d'économie de l'université de Montpellier qui a créé il y a cinq ans un "Observatoire de la santé des dirigeants de PME, des commerçants et des artisans", les responsables d'entreprise ont des soucis.

 

Manque de sommeil

Le premier d'entre eux, c'est le sommeil.Tous les deux mois, Olivier Torrès et son équipe de l'observatoire Amarok demandent à pas moins de 400 entrepreneurs s'ils dorment bien - ça n'est pas la seule question qu'ils leur pose. Le résultat est étonnant : les patrons de TPE et PME dorment une demie-heure de moins que la moyenne nationale.

Ce qui les empêche de dormir : d'abord les difficultés de trésorerie et la menace de faillite. D'après Olivier Torrès, les incertitudes sur l'avenir de leur entreprise et surtout la possibilité d'avoir à licencier des salariés qu'ils connaissent bien - dans une toute petite entreprise, forcément - tout ça pèse lourd sur leur conscience.

Des conclusions qui cadrent avec celles que la RAM a sorti il y a quelques jours. La caisse d'assurances maladie des indépendants a interrogé ses cent mille adhérents. Ils se disent globalement en bonne santé, mais ils sont moins souvent "calmes et détendus" que la moyenne de la population. Ils sont aussi plus souvent "découragés et abattus" que le reste des Français.

Il faut dire qu'ils prennent aussi moins de vacances : moins de dix jours par an pour près de la moitié d'entre eux.

Ils souffrent de solitude et d'isolement

Depuis son observatoire de la santé des indépendants et des dirigeants d'entreprise, le professeur Olivier Torrès note que l'une des sources de leurs ennuis de santé, c'est la solitude et l'isolement. Les tout petits patrons, en particulier, ont tendance à mener une vie professionnelle très solitaire et à ne pas partager leurs soucis. Ca n'est pas un hasard si une étude menée sur le burn out les classe en tête des populations menacées par l'épuisement professionnel, juste derrière les agriculteurs, et devant les cadres.

Selon ce même observatoire Amarok, même le taux de suicide serait plus important chez les chefs d'entreprise que dans la moyenne nationale... sans pour autant qu'aucun chiffre fiable et définitif puisse à ce jour étayer ce constat.

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