Les accidents du travail graves et mortels : un mal français

En 2021, 700 personnes ont perdu la vie au travail. 39.000 autres ont été gravement blessées. Trop souvent par négligence ou par défaut de prévention.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Chaque jour en France, deux personnes meurent au travail, et plus de 100 sont blessées gravement. (JANIECBROS / E+ / GETTY IMAGES)

700 personnes ont trouvé la mort au travail en 2021 en France, lors d'accidents graves et mortels dus souvent à des manquements graves de prévention et de sécurité.

franceinfo : Un manque de prévention et de sécurité, à l'image de cet accident mortel, survenu en 2017, dans une pâtisserie industrielle, en Seine-et-Marne ? 

Sarah Lemoine : Un jeune employé en CDD de 26 ans découvre des sacs plastiques jetés par erreur, dans une benne remplie de déchets de pâte. Il décide de les récupérer, descend dans la benne, s'enlise jusqu'au thorax. Il est asphyxié par les émanations de dioxyde de carbone qui émanent du levain. Il décède quelques jours plus tard.

La dirigeante de la pâtisserie a été condamnée...

Après plus de 4 ans de procédure judiciaire, elle a été condamnée à 6 mois de prison avec sursis, et des dommages et intérêts pour homicide involontaire. Il y a quelques mois, l'analyse de l'accident a été publiée par les services franciliens du ministère du Travail. Elle liste tous les manquements graves de prévention et de sécurité, qui ont conduit à cette condamnation.

D'abord, le risque lié au fait de descendre dans la benne n'était pas formellement identifié par l'entreprise. Il n'y avait pas de panneaux interdisant l'accès. Pas de procédure non plus, pour récupérer les déchets mal triés. Ni de perche ou de gaffe, mis à disposition des salariés.

Avec deux morts par jour en moyenne, la France fait partie des plus mauvais élèves en Europe, comment cela s’explique ?

La réponse se trouve en partie dans le profil des victimes et les types d'entreprises concernés. Les jeunes, les intérimaires, les CDD, les saisonniers sont les plus touchés par les accidents graves et mortels. Donc les salariés les moins expérimentés, les moins intégrés et les plus précaires.

Ensuite, ces accidents sont plus nombreux dans la sous-traitance. Sur les chantiers BTP, par exemple, les grands groupes externalisent les risques les plus dangereux en faisant appel à de petites entreprises. Ces dernières ignorent parfois la prévention, qui représente une perte de temps et d'argent. Le gouvernement vient de sonner la mobilisation générale, avec une campagne de prévention au niveau national.

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