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Emploi : cette fois, la pénurie de talents est bien là

La pénurie de talents que nous vivons actuellement a des conséquences sur les salaires, qui s'envolent, et sur les méthodes de recrutement.

Article rédigé par franceinfo, Philippe Duport
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un stand de job dating au salon de l'apprentissage et de l'alternance de Paris, le 2 février 2018. (AURELIEN MORISSARD / MAXPPP)

Nous vivons une pénurie de talents, de salariés qualifiés, tous les indicateurs le montrent. Une pénurie qui a des conséquences sur les salaires, qui s'envolent et sur les méthodes de recrutement.

Le "talent crunch" comme disent les Anglo-Saxons. La pénurie de talents. On l'annonce depuis quelques années, mais cette fois on la touche du doigt. Manpower constate que ce manque de salariés qualifiés est cette année au plus haut depuis douze ans. C'est un phénomène mondial. Le spécialiste de l'intérim a interrogé 40 000 entreprises dans le monde entier. Et tout près de la moitié d'entre elles disent qu'elles ont du mal à recruter. En France, c'est moins. Mais ce sont tout de même 29% qui galèrent pour recruter. Cela monte. C'est six points de plus que lors de la dernière étude. Ouvriers qualifiés, commerciaux, ingénieurs, techniciens.
Toujours les mêmes. L'industrie, les technologies et les télécommunications.

Les salaires vont augmenter

Le phénomène a au moins trois conséquences : d'abord des salaires qui montent dans les secteurs concernés : le cabinet Korn Ferry prédit que d'ici à 2030, les entreprises de la finance, de la technologie et de l'industrie dans le monde entier vont devoir verser 511 milliards d'euros de plus pour retenir leurs salariés hautement qualifiés. C'est un chiffre abstrait, mais rapporté à la France cela fait plus 6 800 euros de plus par an en moyenne pour les salariés concernés. Deuxième conséquence, faute de pouvoir embaucher, les entreprises se tournent de plus en plus vers le free-lance. Et pas pour faire des petits boulots. Mais bien pour des missions stratégiques. Pour des tâches hautement spécialisées. Plus d'un quart des entreprises françaises font appel à des indépendants, annonce une toute récente étude. En informatique, ils sont les rois.

L'heure est à la "gamification"

Troisième conséquence, un grand chambardement dans les processus de recrutement. En tout cas pour les entreprises qui se disputent les jeunes diplômés des facs et des grandes écoles. L'heure est à la gamification. C'est l'introduction de l'univers du jeu dans le recrutement. Exemple avec Sopra Stéria, une grande société de conseil en informatique. Elle ne jure plus que par les "escape game", les jeux où il faut résoudre une énigme pour se libérer. Et les "battle code", des défis qui voient s'affronter des équipes qui doivent résoudre des exercices à l'aide de programmes informatiques. Accenture, un grand cabinet de conseil, vient lui aussi de se lancer dans le recrutement via une appli censée rendre le recrutement ludique et fluide. Tout est bon pour s'en tirer mieux que le voisin dans cette pénurie de talents qui s'est abattue sur certains secteurs de l'emploi.

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