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C'est mon boulot. Les routiers : comment la profession a changé au cours de ces dernières années

Des routiers mènent des actions lundi contre la réforme du Code du travail. L'occasion de dresser un portrait de cette profession qui a beaucoup changé au cours de ces dernières années.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La profession de routier attire de moins en moins les jeunes (illustration). (MAXPPP)

Le métier de routier a beaucoup changé au cours de ces dernières années. Fini le mythe du routier qui partait des semaines entières pour rallier Moscou, Kaboul ou qui sillonnait les routes de l'Inde. Aujourd'hui, les routiers français sont cantonnés dans l'hexagone. Ils ont perdu la bataille du "Grand international" dans les années 1990, ainsi que celle de l'Europe proche dans les années 2000.

La profession fait moins rêver

Elle attire moins les jeunes. Il manque 17 000 chauffeurs routiers en France, d'après la CFDT Transports. En plus de la raréfaction des grands déplacements, le métier ne paye pas très bien : 2 200 euros par mois, primes comprises. Mais quand même jusqu'à 3 000 euros avec les heures supplémentaires, d'après un chauffeur routier que nous avons interrogé. Cela donne pour le routier français le meilleur salaire d'Europe, juste derrière les Belges. Mais un chauffeur des pays de l'Est ne va percevoir que 1 200 à 1 500 euros par mois. 

Des situations de stress

Au-delà des problèmes d'argent, il y a aussi un stress qui fait fuir les routiers. Thierry de Saulieu, qui dirige Apis, une agence de presse spécialisée dans les transports explique ce phénomène. Les routiers sont angoissés par les risques de se faire braquer ou siphonner le gas-oil sur les aires de repos, dit-il. Ils sont aussi attaqués par la concurrence de chauffeurs de l'Est ou d'Amérique latine qui squattent ces aires de repos pendant des jours. Ils se sentent aussi fliqués par leur "boîte noire" qui les oblige à s'arrêter après 4 heures 30 de conduite. Ils seraient aussi davantage contrôlés par la police que leurs collègues étrangers. Et ils sont frustrés de ne plus pouvoir faire de longues distances. D'après ce spécialiste, beaucoup retournent à l'usine. Et sur le plan personnel, c'est rude : le taux de divorce est très élevé dans la profession.

Un monde très morcelé 

Les trois-quarts des entreprises de transport sont des TPE qui comptent moins de cinq salariés. Et c'est un mouvement qui s'accélère. Les grandes entreprises de transport, plutôt que d'avoir des chauffeurs attitrés, font appel à des sous-traitants. Les syndicats craignent que les ordonnances n'accélèrent encore ce mouvement, en permettant aux entreprises de se séparer plus facilement de leurs routiers. Leur monde est aussi très marqué par les conflits. Toutes mes sources m'ont dit qu'il y avait de plus en plus de contentieux, devant les Prud'hommes, parce que les entreprises essaient de dissimuler les heures et que les chauffeurs se rebiffent.

En bref

Les salariés français mésestimés ? Ça n'est pas pour verser dans le "french bashing", mais d'après un "rapport national sur l'emploi en France", mené par ADP, seulement 23 % des salariés français se sentent estimés au travail, contre 56 % des Allemands. Mais ça n'est qu'un sondage...

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