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C'est mon boulot. Le salaire est toujours tabou dans l'entreprise

Le salaire de Kylian Mbappé au PSG est estimé à 18 millions sur cinq ans. Dans les entreprises, parler de son salaire reste une exception.

Article rédigé par franceinfo, Philippe Duport
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Kylian Mbappé, footballeur, attaquant, à l'entrainement à Clairefontaine (Yvelines), le 28 août 2017. (FRANCK FIFE / AFP)

Le montant du transfert d'un footballeur continue à faire réagir. Kylian Mbappé arrive au  PSG pour 180 millions d'euros. Son salaire est estimé à 18 millions sur cinq ans. Mais dans l'entreprise, le salaire est-il encore tabou ? Nous avons posé la question à l'équivalent d'un agent de joueur. Un homme qui est à l'origine de gros transferts. Hervé Bommelaer travaille dans un cabinet d'outplacement. Son métier : permettre à des cadres de haute volée de passer d'une entreprise à une autre. Il accompagne des traders et experts qui travaillent dans des fonds d'invertissement pour des salaires de trois, quatre ou cinq millions par an. Et une mission ordinaire peut concerner un cadre à 250 000 ou 300 000 euros de salaire annuel.

Chez ces hauts salaires on parle d'argent facilement, l'expert est formel, mais même si ces hauts potentiels sont totalement décomplexés par rapport à l'argent, la culture est bien celle du secret. Il règne à ces altitudes une jalousie redoutable. L'étiquette exige que l'on ne parle pas de sa rémunération. Le faire serait même "louche".

L'héritage de la culture paysanne

Dans l'entreprise française en général, l'opacité est de mise. Seul 37% des salariés connaissent la rémunération des personnes avec lesquelles elles travaillent. Comment l'ont-elles appris ? 16% par des commérages, 6% sont tombées sur des infos confidentielles. Plus d'une sur deux le tiennent de la bouche de l'intéressé lui-même. Pourquoi une telle culture du secret ? D'après la sociologue Janine Mossuz-Lavau, citée par le magazine Psychologies, c'est parce que nous héritons d'une culture paysanne, dans laquelle on ne parlait pas d'argent et où l'auto-suffisance était la règle. Ajoutez à ça un soupçon de marxisme dans lequel le profit est considéré comme immoral et vous avez un sujet tabou.

Pourtant un début de mouvement vers plus de transparence s'amorce. Notamment sous l'influence du rattrapage de salaire entre les hommes et les femmes. Certaines entreprises vont plus loin. Chez Lucca, une start-up parisienne et nantaise, les 65 salariés fixent eux-mêmes leur salaire et il faut que leurs collègues soient d'accord. Les salaires sont rendus publics. Résultats : les gens sont plutôt raisonnables, par peur de trop se démarquer et de ne pas être à la hauteur de ses prétentions !

En bref

Six cadres franciliens sur dix sont prêts à quitter Paris ou la région parisienne pour aller s'installer en province, selon un enquête publiée ce matin par Cadremploi. C'est Bordeaux qui arrive en tête de leurs destinations préférées, suivie de Nantes, Lyon et Toulouse.

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