C'est mon boulot. Facebook surveille les relations amoureuses de ses salariés au bureau
Depuis l'affaire Weinstein, certaines entreprises prennent très au sérieux les histoires "romantiques" au bureau. Facebook exige désormais une transparence de ses salariés sur leurs relations amoureuses au travail et vient d'imposer des règles drastiques.
L'affaire est révélée par le Wall Street Journal et fait beaucoup de bruit dans la presse anglo-saxonne. Désormais chez Facebook, on ne peut proposer à un ou une collègue de sortir boire un verre ou de dîner qu'une seule fois. Si il ou elle refuse, on ne peut pas l'inviter une seconde fois. Cela figure désormais dans le code de conduite de l'entreprise. C'est la fameuse règle du "date" à l'Américaine, mais qui devient officielle en quelque sorte.
Aller plus loin peut exposer à des sanctions disciplinaires. La direction de Facebook est entrée dans les détails. Un "non" n'a pas à être totalement explicite. Si vous vous entendez répondre "je suis occupée ce soir" ou "je ne suis pas disponible", cela suffit. Vous n'aurez pas le droit de réitérer votre invitation. Passée cette limite, on entre dans un possible harcèlement.
Transparence exigée aux Etats-Unis
L'affaire peut aller encore plus loin, puisque chez Facebook aux Etats-Unis, il est demandé aux salariés de déclarer toute relation personnelle - entendez relation amoureuse - qui pourrait représenter un éventuel "conflit d'intérêt". Même chose ou presque chez Google, qui n'a pas attendu l'affaire Weinstein, le mouvement Metoo et son équivalent français Balancetonporc pour prendre de telles dispositions.
Depuis plusieurs années, Google voit d'un mauvais oeil les relations dites "romantiques", qui s'inscrivent dans un déséquilibre de pouvoir. Là aussi, c'est dans le code de conduite. "Si une relation romantique crée un conflit d'intérêt, cela peut conduire à des changements dans les postes de travail ou même impliquer la fin du contrat pour l'un des salariés, voire les deux", précise le code écrit de conduite.
Une jurisprudence française plus protectrice
De telles restrictions pourraient-elles être prises en France ? Selon le professeur du droit du travail, Laurent Gamet, un règlement intérieur qui irait aussi loin que le fait Facebook serait retoqué par l'administration. De telles restrictions aux libertés individuelles et au droit des personnes - ne pas pouvoir proposer deux fois à un collègue d'aller boire un verre - ne seraient pas "justifiées par la nature de la tâche", ni "proportionnées au but recherché". Idem pour déclarer une relation amoureuse au sein de l'entreprise. On ne voit pas en l'occurence quel pourrait être le conflit d'intérêt au sein d'une même entreprise. Les juristes sont donc très réservés sur la question.
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