Nouvelle alerte sur les bactéries expulsées par les chasses d’eau dans les toilettes

Une équipe coréenne a testé et mesuré dans les toilettes une sorte de contamination "permanente", en raison de microgouttelettes contaminées projetées dans l’air par les chasses d’eau.
Article rédigé par franceinfo - Géraldine Zamansky
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une étude coréenne apporte une preuve supplémentaire des risques de contamination aux toilettes, quand on tire la chasse d'eau sans fermer l'abattant des toilettes. (Illustration) (PETER DAZELEY / PHOTODISC / GETTY IMAGES)

À la fin de cette chronique, vous ne tirerez peut-être plus jamais la chasse d’eau comme avant. Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5, nous révèle les résultats, en avant-première, d'une présentation coréenne dans un grand congrès international d’infectiologie.

franceinfo : Ce congrès d'infectiologie était consacré aux toilettes ? 
 
Géraldine Zamansky : C’est très sérieux. Cette étude coréenne apporte une preuve supplémentaire des risques de diffusion d’infections, lorsque l’on actionne la chasse d’eau, sans fermer l’abattant des toilettes.

Tout est parti de la conception d’un dispositif qui ne permet justement cette action qu’après la fermeture, comme me l’a expliqué Jihye Park de l’Asan Medical Center à Séoul. Il va présenter ses résultats au Congrès international ESCMID Global, à la fin du mois. Avec ce système, seulement six colonies de bactéries ont été collectées autour du trône, dans les salles de bains équipées, par rapport à 14 colonies, dans les autres. 

Donc fermer le couvercle des toilettes avant de tirer la chasse d'eau, réduit la contamination, mais ne la supprime pas complètement ? 
 
Oui, et pourtant, cette équipe coréenne précise bien que personne ne venait d’utiliser les toilettes avant leur test. Ils ont donc mesuré une sorte de contamination "permanente". Ce type de persistance est d’ailleurs à l’origine de récentes recherches françaises dans ce domaine.

Le Dr Jeanne Couturier-Dagher, microbiologiste de l’environnement à l’Hôpital Saint-Antoine à Paris, m’a raconté comment en 2016, deux cas de légionellose – heureusement guéris – avaient été identifiés, dans la même chambre, à 6 mois d’écart.

L’analyse génétique des bactéries prélevées au niveau des toilettes a montré qu’elles étaient identiques à celles contenues dans les poumons du patient. C’était la première preuve aussi irréfutable d’une telle transmission.   


C’est-à-dire que les gouttelettes de la chasse d’eau vont jusqu’aux poumons ?  
 
Oui, on respire des microgouttelettes contaminées, projetées dans l’air par la chasse d’eau. Et les "enquêteurs" de Saint-Antoine ont ensuite été confrontés à une autre famille de bactéries qui survivent, une fois retombées autour des toilettes, sur le proche robinet du lavabo ou la poignée de porte par exemple.

Les mains prennent alors le relais, via les aliments, pour conduire l’ennemi jusqu’au tube digestif. En 2018, les bactéries coupables sont trouvées au niveau du point d’arrivée de l’eau, plein de tartre, sous le rebord en porcelaine des toilettes. Impossibles à nettoyer, elles ont toutes été changées dans le service touché. Ensuite, le Dr Couturier-Dagher m’a raconté comment ils avaient confirmé expérimentalement les différentes contaminations en 2022... Effrayant.

Alors, suggestion de mode d’emploi, surtout dans les toilettes publiques : fermer la cuvette avant de tirer la chasse d’eau, essayer de bloquer un peu sa respiration. Et en cas de robinet classique, utiliser un essuie-main pour le refermer après le lavage, et toucher la porte en sortant. Car tout peut avoir été contaminé. Sinon, il y a aussi le gel hydroalcoolique…  

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