Les risques de traumatismes psychologiques après les inondations
Depuis plus d’une semaine, le lourd bilan des tempêtes et inondations a bouleversé la vie de dizaines de milliers de personnes. Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5, revient aujourd'hui sur les symptômes et les troubles qui peuvent être provoqués par ce type d'événement climatique.
franceinfo : Une fois leur sécurité physique assurée, il ne faut pas oublier de proposer une aide psychologique ?
Géraldine Zamansky : Au fil des jours, ces événements peuvent être profondément déstabilisants, car ils remettent en cause la sécurité des personnes au sein même de leur domicile. LE lieu théoriquement protecteur par excellence. Avec des heures d’angoisse pendant le déchaînement des éléments, au cours des deux tempêtes. Leur bilan humain et matériel est lourd. Et cette semaine, de nombreuses familles ont dû "tout quitter", pour se mettre à l’abri des crues.
Toutes ces situations génèrent des niveaux de stress extrêmes ?
Absolument. Plus le temps passé "sous la menace" a été long, plus l’aide est venue tardivement, plus ce niveau de stress augmente, et risque de laisser des traces. Le Dr Nathalie Prieto, référente nationale de notre réseau d’urgence médico-psychologique, m’a expliqué l’expérience acquise depuis les grandes inondations du début des années 2000, dans la Somme ou le Gard.
Les cellules vont se mettre en place, pour aller au plus près des victimes, et repérer des signes de grande souffrance, pas toujours évidents à cerner. Des personnes qui ne pleurent pas, n’expriment pas leur détresse, mais semblent en "pilote automatique", répétant des gestes ou des paroles "en boucle", le regard un peu perdu… Une sorte d’état de sidération, pour lequel une aide psychologique est essentielle.
Au-delà de ces premiers jours, le retentissement peut apparaître au bout de quelques semaines ?
Il faut rappeler que le fait d’être bouleversé par un tel événement est normal, et ne doit pas être considéré comme un trouble qu’il faudrait traiter tout de suite. Mais si une sorte d’apaisement n’apparaît pas avec le temps, si les troubles du sommeil persistent, s’aggravent, avec des cauchemars qui se répètent, si des images reviennent en "flash" dans des lieux précis, ou à des moments précis, alors mieux vaut "ne pas attendre que ça passe tout seul".
Une étude réalisée auprès des victimes de Xynthia, en 2010, a montré qu’il y avait des risques importants de dépression, d’anxiété et de syndrome de stress post-traumatique. Le Dr Prieto considère que ce risque peut être aggravé par la naissance d’un sentiment permanent d’insécurité, lié à la répétition des catastrophes, avec le dérèglement climatique. Nous allons en quelque sorte tous devoir apprendre à vivre avec, sans développer une trop grande éco-anxiété.
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