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L'intelligence artificielle au service de la santé

Difficile de deviner le point commun entre un accouchement et l’examen du colon par une petite caméra vidéo, une coloscopie. Les deux pourraient être améliorés par l’utilisation de l’intelligence artificielle.

Article rédigé par franceinfo - Géraldine Zamansky
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des médecins néo-zélandais ont testé une sorte de logiciel associé à la caméra qui analyse aussi l’image en direct. (Illustration) (ANDRIY ONUFRIYENKO / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5 est tous les samedis sur France Info. Une étude néo-zélandaise montre que l’intelligence artificielle pourrait réduire le nombre de césariennes et en coloscopie, et permettrait de détecter des lésions suspectes.

franceinfo : Des publications scientifiques illustrent cette semaine les étonnants progrès médicaux des "ordinateurs" ?  

Géraldine Zamansky : Absolument. Ces programmes ont d’abord été conçus pour analyser un grand nombre d’images fixes. Des mammographies pour le dépistage du cancer du sein par exemple. Et bien cette semaine, une étude néo-zélandaise montre que l’intelligence artificielle pourrait aussi repérer des anomalies sur la paroi du colon malgré ses mouvements.  

Car, pendant la coloscopie, l’anesthésie générale n’immobilise pas le tube digestif. Et la caméra bouge aussi pour explorer l’intérieur du colon. Le médecin examine en direct ces images sur un écran. S’il y a une excroissance importante, un polype, c’est facile à voir. Mais un léger relief avec une couleur à peine différente de la paroi normale, c’est moins évident.  

Des médecins néo-zélandais ont donc testé une sorte de logiciel associé à la caméra qui analyse aussi l’image en direct. Il détecte et signale la moindre bizarrerie proche d’un des innombrables signes anormaux enregistrés dans sa mémoire artificielle. Résultat : 9,4% de diagnostics supplémentaires de lésions qui peuvent se transformer en cancer colorectal. Cela réduirait le risque de développer cette maladie de 30% l’année suivante.

Et une autre étude montre que ces technologies pourraient aussi être mises au service de l’accouchement ?

Il s’agit cette fois d’une recherche américaine coordonnée par le Pr Abimbola Famuyide, gynécologue-obstétricien à la célèbre Mayo Clinic. Il m’a raconté comment ils ont véritablement créé une intelligence artificielle grâce à la collecte de plus de 200 000 dossiers médicaux d’accouchements. Avec, pour chacun, des centaines d’informations concernant la grossesse, la naissance et ses suites. Âge de la mère, ayant ou non déjà des enfants, poids au début de la grossesse, tension artérielle…  

Impossible de vous faire toute la liste évidemment. Mais le résultat est à la hauteur. Le Pr Famuyide m’a expliqué que l’analyse de l’ensemble des parcours a permis de créer un système d’identification des risques efficace et individualisé pour chaque femme. A l’arrivée à la maternité et au fil de l’accouchement. C’est crucial s’il faut organiser un transfert dans un établissement plus spécialisé par exemple.  

Mais les sages-femmes et les gynécologues obstétriciens peuvent faire cette évaluation ?

Bien sûr. Mais là-bas comme ici, il y a un manque de personnel. Alors selon le Pr Famuyide ce type d’assistance artificielle pourrait être très précieux dans les zones où l’expertise se fait rare. Cela réduirait les complications pour la mère et l’enfant. Car n’oublions pas qu’un accouchement difficile peut les mettre en danger tous les deux. Il s’agit donc de veiller le plus possible au bon déroulement d’un heureux événement.

Les liens vers ces études

L’intelligence artificielle améliore le taux de détection d’adénome pendant la coloscopie

Impact des caractéristiques du travail sur les conséquences maternelles et néonatales de l’accouchement : un modèle d’apprentissage automatique   

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