C'est dans ma tête. La protection de l'enfance
Une manifestation a eu lieu à Paris, le 4 juillet, pour défendre la protection de l’enfance.
La psychanalyste Claude Halmos revient aujourd'hui sur le sens et l'utilité de la protection de l'enfance. Une manifestation a eu lieu à Paris cette semaine pour défendre cette institution.
Est-elle vraiment nécessaire ?
La protection de l’enfance est une institution nécessaire et cette nécessité est fondée sur une réalité. Cette réalité est que si beaucoup d’enfants ont - heureusement ! - des parents qui les aiment et essaient au mieux de les aider à grandir, beaucoup d’autres n’ont pas cette chance. Ils ont des parents qui ne les aiment pas (ou qui les aiment d’une façon qui les détruit) et qui, du fait de leur propre histoire, ne peuvent pas leur donner l’éducation dont ils ont besoin.
La protection de l’enfance, c’est l’expression d’une société qui considère que ces enfants ne doivent pas rester seuls, livrés à des parents qui ne s’occupent pas d’eux ou les maltraitent. Et qui donc va s’interposer entre leurs parents et eux, pour les protéger mais aussi pour soigner et aider ces parents.
On parle pourtant, régulièrement, de "ratés" dans cette protection de l’enfance
Et on a parfaitement raison de le faire, parce que la protection de l’enfance ne fonctionne pas comme elle le devrait. Pour des raisons matérielles bien sûr, (manque de personnel, de crédits etc…). Mais surtout pour des raisons idéologiques.
Nous vivons dans une société qui continue à considérer que les enfants sont la propriété de leurs parents. Et que la famille biologique, quelle qu’elle soit, est ce qu’il y a de mieux pour eux. Et qui continue à croire que tous les parents aiment forcément leurs enfants, ce qui, bien sûr, n’est pas
Par ailleurs cette société a le plus grand mal, d’une part, à se représenter ce que peut être la souffrance d’un enfant et, d’autre part, à comprendre ce qu’est la perversion. On veut bien accepter l’idée que des parents maltraitent leurs enfants parce qu’ils sont fous et ne savent pas ce qu’ils font. Mais on se refuse à penser qu’ils puissent le faire délibérément, en sachant ce qu’ils font (parce que leur histoire les a conduits à prendre du plaisir à détruire).
Préserver la protection de l’enfance et la réformer
Détruire la protection de l’enfance en refusant de lui donner les moyens de fonctionner serait un recul pour les droits de l’enfant, et de ce fait, un recul pour notre société. Mais préserver les droits des enfants suppose de repenser de fond en comble leur protection. On fait chaque année de grands colloques sur la protection de l’enfance. Et on fait chaque année de grandes déclarations sur la nécessité de protéger les enfants.
Mais, dans la pratique, des enfants continuent toujours à devenir incapables de vivre, et même à mourir, parce que leurs parents peuvent, en toute impunité, les torturer. Ce n’est pas admissible.
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