C'est comment ailleurs ? Les tarifs du train en Grande-Bretagne
Alors que les tarifs vont augmenter de six à dix euros pour les nouveaux TGV Paris-Rennes et Paris-Bordeaux, franceinfo s’intéresse à la Grande-Bretagne et à ses prix ferroviaires délirants.
Depuis la privatisation de British Rail au milieu des années 90, la Grande-Bretagne, c'est le pays des augmentations à très grande vitesse, mais sans les trains à grande vitesse. L’explosion de l'ancienne société publique en des dizaines de sociétés privées n'a fait qu'augmenter les prix.
Tarifs en hausse exponentielle
Plusieurs exemples permettent de prendre la mesure du phénomène. D’abord, d'après une étude du voyagiste allemand GoEuro, la Grande-Bretagne était en 2016, le 2eme pays européen le plus cher sur les trajets en train, juste derrière la Suisse.
Et surtout, en l'espace de 20 ans (1995-2015), le prix d'un billet de train a grimpé en moyenne de 117%. Au top des hausses, le billet Londres-Manchester : 93 livres en 1995 et 329 livres en 2015, soit une multiplication par 3,5.
Dans le portefeuille de la population, le résultat est concret. Pour se rendre au travail en train, les Britanniques dépensent chaque mois six fois plus que les autres européens dans leurs abonnements. Cela leur grignote 14% de leur salaire.
Un réseau fragmenté
Le principal responsable semble bien être la fragmentation du réseau. Environ 25 compagnies privées se sont partagées le trafic, comme Virgin, East Coast, Southern. Cela n'a pas rationnalisé les dépenses, le fonctionnement du train. Les compagnies n'ont pas assez investi. Et en plus, elles coûtent de l'argent, car l'Etat britannique, c'est à dire les contribuables, verse chaque année 4,6 milliards d'euros de subventions à ces compagnies. Un comble pour une privatisation.
Le cauchemar du sud de l’Angleterre
Le pire exemple de disfonctionnement se trouve entre Londres et le sud du pays avec la compagnie Southern Railways, qui concentre la colère de centaines de milliers de britanniques. Ici, on manque de place, les trains sont annulés à la dernière minute et ceux qui roulent sont, pour 80% d'entre eux, en retard. Le pire exemple, c'est le train de 7h29 Brighton-Londres qui n'est pas arrivé une seule fois à l'heure en 2015. Et pour ne rien arranger, les grèves se sont multipliées à la fin 2016 sur les lignes Southern.
Une renationalisation souhaitée
Aujourd'hui, une majorité de britanniques (58%) voudraient une renationalisation des trains. Il faut savoir qu'en Grande-Bretagne, si les trains et les gares sont privés, la gestion et l'entretien des réseaux sont redevenus publics à la suite de catastrophes ferroviaires dramatiques en 1999 et 2000 qui avaient fait des dizaines de morts. Depuis cette époque, le réseau Rail Track est beaucoup plus sûr.
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