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États-Unis : une application de rencontre pour une inclusion des handicapés

Des applications sont généralistes, d’autres se concentrent sur une ethnie ou sur une orientation sexuelle particulière, mais elles laissent souvent de côté les personnes handicapées. Aux Etats-Unis, deux sœurs ont lancé Dateability pour tenter de combler ce manque.
Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
7% des 8 000 utilisateurs actuels de Dateability sont des personnes valides. (ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

Alexa et Jacqueline Child vivent ensemble, à Denver dans le Colorado et faire cette application, c’est une affaire personnelle pour elles. Jacqueline souffre depuis l’adolescence de collagénoses, des maladies chroniques qui provoquent des inflammations et l’empêchent de s’alimenter normalement.

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Et les hommes auxquels elle a pu parler via des applications de rencontre classiques n’ont pas toujours été d’une élégance folle : l’un d’entre eux lui a demandé si elle comptait avoir des enfants parce que ce serait égoïste de leur transmettre ses gènes. Un autre a arrêté de la voir sur les conseils de sa mère qui l’a prévenu que sa vie ne serait plus très amusante s’il restait avec elle...

En 2021, alors qu’elle était hospitalisée, elle a confié à sa sœur qu’elle s’inquiétait pour sa vie amoureuse, qu’elle aimerait qu’il existe une application de rencontre pour les gens comme elle. Il n'est pas toujours évident de savoir comment et à quel moment donner des détails sur son état de santé à un étranger. Les deux sœurs ont constaté que c’est souvent un problème pour des personnes handicapées sur ces applications. Alors, elles ont eu l’idée ensemble de créer Dateability avec pour mission de "rendre l’amour accessible à tous".

L'anxiété d'avouer son handicap

Dateability a été lancé l’an dernier. Le logo représente une personne dans un fauteuil roulant entourée d’un cœur. Dans son profil, l’utilisateur a l’option de mentionner s’il utilise un fauteuil roulant justement, s’il souffre d’une allergie alimentaire, s’il a un déficit immunitaire. Il n’a évidemment pas l’obligation de donner ces indications mais Alexa et Jacqueline Child pensent que c’est un moyen d’atténuer l’anxiété et la "sarmassophobie", un mot nouveau pour décrire la peur des relations romantiques.

Dateability utilise le "swipe" d’autres applications, pour faire défiler les profils vers la droite ou la gauche en fonction de l'intérêt. Cette fonctionnalité marche également avec des boutons au cas où un handicap vous empêche de "swiper". L’application a également une version web qui permet plus de choses qu’une application par rapport à certains handicaps.

Même si les créatrices reconnaissent que Dateability n’est pas encore à 100% accessible, à cause du coût, elles mettent en avant leur service client. Les plaintes reçoivent une réponse individualisée et une attention particulière est portée aux "trolls" (messagers malveillants). Pour elles, l'application est gratuite et il est important qu'une version gratuite reste disponible, même en cas d'extensions.

Dans l'attente d'investisseurs pour venir en Europe

Les personnes valides s’inscrire. 7% des 8 000 utilisateurs actuels sont des personnes valides. Alexa et Jacqueline Child ne pensent évidemment pas que des personnes handicapées ne devraient sortir qu’avec des personnes handicapées. Les applications classiques ne sont pas, selon elles, assez inclusives pour le moment.

Les deux sœurs estiment qu’elles peuvent à terme atteindre 5 millions d’utilisateurs aux États-Unis, sachant que le pays compte environ 60 millions de personnes avec un handicap. Elles ont toutefois du mal à trouver des investisseurs pour leur croissance et elles ne sont pas les seules. 92% des entrepreneurs souffrant d’un handicap disent manquer de financement. Alexa et Jacqueline Child restent toutefois ambitieuses. Elles espèrent se lancer sur le marché européen et élargir l’application aux relations amicales. Ce n’est pas non plus évident, selon elles, de se faire des amis en situation de handicap. Selon elles, une partie de la société a tendance à laisser les handicapés à la marge et de fait à les isoler. Le marché des applications de rencontres représenterait au moins trois milliards de dollars par an.

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