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Corée du sud : le ministère de l'Éducation souhaite protéger les enseignants du harcèlement des parents d'élèves

En Corée du Sud, les enseignants enchaînent depuis début septembre les mouvements de grève et les manifestations massives dans les rues de Séoul. Ils dénoncent le harcèlement effectué par les parents d'élèves. Le Parlement coréen va proposer des solutions radicales.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un rassemblement le 4 septembre 2023 en hommage à une enseignante qui s'est suicidée en juillet. Les manifestants brandissent des pancartes indiquant "Révéler la vérité est le moyen de rendre hommage" et exigent la protection des droits des enseignants devant l'Assemblée nationale à Séoul. (JUNG YEON-JE / AFP)

En Corée du sud, la pression devient intenable pour les enseignants. Ils font face à des parents de plus en plus agressifs, qui intentent des procès dans tous les sens et qui se plaignent sur les réseaux sociaux. Jeudi 21 septembre, le Parlement coréen doit d'ailleurs étudier un ensemble de mesures pour essayer de mieux protéger ces enseignants.

Un système ultra-concurrentiel

Le problème existe depuis des années, mais une série de suicides depuis le début de cette année 2023 a finalement poussé les professeurs à descendre dans la rue et à interpeller les autorités. Ils ont été particulièrement bouleversés par le suicide, en juillet dernier, d'une jeune enseignante de 23 ans dans une école primaire du sud de Séoul. Elle a mis fin à ses jours dans sa classe après les cours, alors que cela faisait des mois qu'elle se plaignait auprès de sa direction de l'agressivité des parents d'élèves, d'un père en particulier. Mais l'école n'a rien osé faire comme c'est souvent le cas : les écoles ne veulent pas avoir de problèmes avec les parents pour ne pas nuire à leur réputation.

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Dans un système coréen qui est très concurrentiel, où il faut absolument performer. Les parents investissent énormément d'argent dans l'éducation de leurs enfants. Il faut payer la meilleure école, les meilleurs cours du soir, les meilleurs cours particuliers le week-end et ils ne tolèrent donc plus que l'on réprimande leur progéniture ou que l'on lui mette une mauvaise note. Donc ils se plaignent des enseignants. Parfois, ils en viennent aux mains ou les harcèlent chez eux, au téléphone la nuit. Beaucoup de familles portent même plainte pour "abus émotionnels" sur leur enfant.

Mettre des barrières aux pressions directes

Contre cet état de fait, le gouvernement dit qu'il va proposer un meilleur soutien psychologique aux enseignants. Ils vont par exemple pouvoir passer des tests pour évaluer leur niveau de stress. Il s'agit de mieux repérer les éventuels cas de dépression et de faire bénéficier, à ceux qui le veulent, des consultations gratuites avec des professionnels. Le ministère de l'Éducation va aussi commencer à faire circuler des bus entre les écoles, où les enseignants pourront rencontrer plus facilement des psychologues et parler des problèmes de harcèlement par des parents.

Pour contrer les parents harceleurs, le gouvernement dit qu'il va modifier la loi pour protéger les enseignants. Le pays veut créer en fait une sorte d'immunité pour les professeurs, c'est-à-dire que les parents ne pourront plus porter plainte au gré de leurs caprices contre ceux qui ne leur plaisent pas. Seuls, les vrais cas graves d'abus par des enseignants, qui peuvent exister, seront instruits par la justice.

Par ailleurs, le ministère de l'Éducation veut éviter au maximum les pressions directes faites sur les professeurs. S'ils veulent se plaindre, les parents devront maintenant contacter le principal de l'école et ne pas s'en prendre directement aux enseignants. Dans le cas où il y aurait un échange entre parents et professeurs, les conversations pourront être enregistrées, ce qui en théorie doit permettre d'éviter les débordements.

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