Tous à la plage !
On est forcément tenté d’en faire les Dupont et Dupond des auteurs de BD. Même crâne rasé, même regard amusé porté sur leurs contemporains, même langueur dans la voix quand il s’agit de parler de leur travail à deux cerveaux et deux mains, une droite et une gauche. Pascal Rabaté, auteur remarqué des Petits ruisseaux , la BD puis le film, et David Prudhomme, un prix à Angoulême pour Rébétiko , signent Vive la marée! . Soit, une journée en bord de mer.
Ne cherchez pas la grande aventure. Pas plus un drame intime. Ce qui intéresse les deux crayons complices, ce sont les petites scènes du populaire, les surprises cachées dans la liturgie des habitudes. Les simagrées des pétanqueurs, la routine amusante des pêcheurs de palourdes, la danse du cerf-volant, le clap-clap des tongs, les séances de crémage sur ventre pachydermique et fesses rebondies. De ces trois fois rien du quotidien, de ces dialogues si banals qu’on peut systématiquement finir les phrases de monsieur tout le monde - "On s’occupe de vous, madame ? ", Prudhomme et Rabaté font une geste colorée.
Les deux gaillards ne s’en cachent pas, ils puisent leur inspiration chez Dubout, Albert Dubout (1905-1976), le maître du dessin d’humour "grosses bonnes femmes et petits bonshommes ". Ici, du sable plein le maillot pendant 120 planches, c’est "Dubout, les damnés de la plage ". Rabaté et Prudhomme ont fait leurs repérages à Palavas les flots, Arcachon et Pornic. Le week-end prochain, ils seront au festival Quai des Bulles, à Saint-Malo. Ça marche aussi.
Tokyo, 1968. Les mouvements étudiants tournent à l’émeute et l’agitation gagne le Japon. Pour essayer d’échapper à son lourd passé criminel, Norio Nagayama rejoint la capitale dans l’espoir d’un nouveau départ. Au Village Vanguard, bar jazz dans lequel la jeunesse révolutionnaire nipponne a ses quartiers, il fait la connaissance de Takeshi Kitano, un jeune comique raté qui tente de faire carrière dans le cinéma. Le grand projet de Takeshi : Unlucky Young Men , un scénario qu’il a rédigé, véritable chronique d’une génération japonaise désabusée et prête à tout pour réaliser ses rêves. Afin de financer la production du film et d’assurer leur avenir, les deux jeunes hommes vont planifier l’attaque d’un fourgon transportant 300 millions de yens…
Dans Unlucky Young Men plusieurs personnalités sont mises en scène : Kenzaburo Oe (futur prix Nobel de littérature), l’écrivain maudit Yukio Mishima, en passant par le tueur en série Norio Nagayama. Pour les auteurs, ce sont des symboles de leur époque et ils représentent ce qu'était la jeunesse dans les années 60. C'est également le cas de Takuboku Ishikawa, surnommé le Baudelaire japonais, dont les mots sont distillés tout au long du récit. Unlucky Young Men offre un portrait édifiant d'un Japon en pleine transformation. Ce thriller où se mélange la fiction et la réalité est aussi un bel hommage au cinéma des années 60-70 à travers la construction narrative et graphique.
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