Cet article date de plus de huit ans.

Stupeur dans la bande dessinée

Deux BD sortent en même temps autour de la figure inquiétante de Frédéric II, la stupeur du monde. Pour réfléchir aux relations entre le pouvoir, la science et la religion. Et jouer avec la grande histoire.
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© Néjib, Gallimard Bandes dessinées / Igor Kordey, Delcourt)

David Bowie et Frédéric II

Néjib a signé plusieurs livres pour enfants et, il y a quatre ans, sa première bande dessinée dans laquelle il mettait en scène David Bowie. Néjib avait choisi de faire de Haddon Hall , la maison du sud de Londres où la future star du rock vivait quand elle a commencé à percer, le personnage principal et le titre de son histoire. Une unité de lieu que l’on retrouve dans son nouveau roman graphique.

Dans Stupor Mundi , le dessinateur nous enferme dans un château du Moyen-Âge, au sud de la péninsule italienne, au temps de Frédéric II, empereur des romains. Frédéric de Hohenstaufen régna sur le Saint-Empire de 1220 à 1250. L’influence de ce prince fut telle qu’il fut surnommé la stupeur du monde, « Stupor Mundi ».

Pouvoir, science et religion

Puissant et redouté, passionné par les sciences, maitrisant une demi-douzaine de langues, le monarque avait été excommunié par le pape alors même qu’il avait mené à bien la seule croisade pacifique. Mieux vaut le savoir pour comprendre pourquoi, dans la forteresse des Pouilles, la seule évocation de son nom suscite chez les savants, les artistes et les soldats l’admiration et l’effroi.

Sous couvert d’un récit imaginaire qui entretient le suspense, l’auteur réussit le tour de force de nous faire réfléchir à la question de l’image dans notre civilisation, à envisager les prémices de la psychanalyse, à mettre en évidence les rapports qu’entretiennent le pouvoir et la modernité, à nous faire saisir que la science et la religion n’échappent jamais aux enjeux politiques. Et à camper dans un décor ascétique une dizaine de personnages sommairement dessinés qu’on a bien du mal à quitter au bout de 280 pages.

Stupor Mundi , Néjib, Gallimard Bande dessinée.

Une Uchronie à Jérusalem

Hasard, Stupor Mundi est aussi le thème et le titre d’une autre BD, le 24e volume de la collection "Jour J" des éditions Delcourt. Le principe de la série repose sur le choix d’une journée particulière dans l’histoire du monde et la réinvention de ce qu'il aurait pu advenir si les choses s’étaient passées autrement. On appelle ça une Uchronie. Ici, après moult rebondissements et scènes d’action, le lecteur découvrira comment Frédéric II est parvenu à conquérir Jérusalem avec l’aide du grand Khan. Une histoire signée Fred Duval, Jean-Pierre Pécau et Fred Blanchard et mise en images dans un style très classique et grand public par Igor Kordey.

 

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