BD, bande dessinée. Rabaté voit venir l’orage
C’était osé : choisir un trait doux, tranquille, velouté, un soleil éblouissant et des ombres chaleureuses, pour dire la guerre.
La mort en père peinard
Comme dans Le dormeur du val, le poème de Rimbaud où jusqu’à la chute tout n’est que calme et volupté, dans La Déconfiture, Pascal Rabaté joue les pères peinards du dessin pour mieux nous faucher quand la mort déboule.
La Déconfiture, c’est une BD de route, un road movie de papier. Rabaté adore le genre. Dessinateur devenu cinéaste, il avait franchi le pas avec un moyen métrage qui disait déjà son goût du bitume. Titre du film : Cavalier facile. Si vous préférez, Easy Rider, en français dans le texte et à mobylette. Ici, on chemine avec un brave gars, instituteur dans le civil devenu estafette à moto, égaré en pleine campagne du nord de la France, dans la débâcle de 1940.
Courir après l’histoire
Dans ces temps incertains et ce paysage apaisant, chacun avance sans savoir ce qui l’attend au coin du bois. Le personnage cherche à rattraper son régiment et l’histoire qui lui échappe. La Déconfiture est donc une déambulation dans une drôle de guerre où la mort frappe à tout bout de champ, où l’on ne maitrise plus rien.
Les seconds rôles sont bien campés. Les dialogues fusent, sentent l’époque, l’argot et les régionalismes. Sur le bord du chemin, après le passage des Stukas, "on fait des lits à la pioche et on borde à la pelle".
Pascal Rabaté dit "osciller entre pessimisme gai et optimisme triste". Comme dans son chef d’œuvre Ibicus que les éditions Glénat rééditent en intégrale cet automne. A noter aussi le dossier complet et l’entretien fleuve que consacre à Pascal Rabaté la revue AARG ! pour son retour en kiosque dans une formule bimestrielle.
La Déconfiture comptera deux volumes aux éditions Futuropolis.
Rendez-vous le week-end prochain à Nérac, dans le Lot-et-Garonne, pour les rencontres Chaland. L’invité d’honneur en est Loustal.
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