BD bande dessinée. Charlotte for ever

Dans le rock, à une époque, on parlait de super groupes quand, pour le plus grand bonheur des fans, des musiciens déjà adulés s’associaient pour créer ensemble quelques morceaux d’anthologie. C’est le sentiment qu’on peut avoir, en bande dessinée, en découvrant Charlotte impératrice.

Un duo de choc pour un couple maudit

Un scénariste majeur, Fabien Nury, et un dessinateur réaliste au sommet de son art, Matthieu Bonhomme, se retrouvent pour raconter la vie fortement romancée de Marie Charlotte Amélie Auguste Victoire Clémentine Léopoldine de Saxe-Cobourg-Gotha. Soit, celle qui, en 1864, monta aux côtés de son mari Ferdinand-Maximilien d’Autriche sur le trône du Mexique. L’épisode historique, vrai, a tourné au fiasco. Le couple Charlotte-Maximilien a connu un destin tragique.

Avec Nury et Bonhomme, la farce géopolitique tourne au drame intime. Nous sommes dans les palais et les alcôves. Les auteurs prennent délibérément le parti de la princesse, intelligente mais naïve, dont la force de caractère va se révéler peu à peu. La mise en scène est ambitieuse, les dialogues, épurés, frappent juste.

Charlotte impératrice, acte 1 : La princesse et l’archiduc, aux éditions Dargaud.

Sfar et son chat

Voici le tome 8 du Chat du Rabbin de Joann Sfar. Le dessinateur, romancier, cinéaste est si prolixe qu’on a parfois du mal à suivre toute sa production. On aurait tort de négliger cet épisode de sa saga juive d’Afrique du Nord. Sous le titre Petit panier aux amandes, Sfar poursuit sous le ciel étoilé d’une Algérie rêvée son dialogue virtuose avec lui-même sur la religion, le désir, le couple, et les hommes qui veulent rester avec leur maman.

À trop vouloir dire leurs quatre vérités aux uns et aux autres, son fameux chat abyssin gris a de plus en plus de mal à se faire accepter dans cette tragi-comédie humaine.

Le Chat du Rabbin, tome 8 : Petit panier aux amandes,aux éditions Dargaud.

Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.

Mujirushi, Le Signe des rêves, de Naoki Urasawa, chez Futuropolis

Avec Mujirushi, Le Signe des rêves, Naoki Urasawa relève le défi proposé par les éditions Futuropolis et Le Louvre : inventer une intrigue courte qui se déroule au sein du célèbre musée.

Dans ce manga, il est question d'une famille, d'un tableau et d'un mystérieux personnage qui mène le jeu du Japon à Paris.

On y croise des visages familiers : un avatar féminin de Donald Trump, l’ancien Président français François Mitterrand et la "mamie" Bardot, habituée à faire le ménage en chantant Édith Piaf. Autre personnalité connue, essentiellement connue par les Japonais : Iyami. Cette célèbre icône de la culture populaire nippone, inventée par le mangaka Fujio Akatsuka en 1973, s'avère être un des personnages principaux du nouveaux manga de Naoki Urasawa.

Mujirushi, Le Signe des rêves est un récit d’aventures satirico-parodique, avec suffisamment de suspense et de mystère pour attiser notre curiosité.