S'agissant demodernisation, le choix de M. Jospin pouvait sembler légèrement décalé. Mais s'agissantde moralisation, l'ancien Premier ministre socialiste semblait donnerl'essentiel des gages de l'éthique individuelle et collective qui sied à tousles comités, qu'ils soient baptisés "Jospin" ou "Théodule".Donc, ne nousattardons pas sur la composition du dit comité, non plus sur les débatsqualifiés de "sanglants" qui l'ont animé et encore moins sur telleou telle mesure préconisée par lui. Comme la réforme du statut pénal du chef del'Etat, l'instauration d'une dose de proportionnelle ou encore le parrainage citoyendes futures candidatures élyséennes. Il y en a cependant unprojet qui va faire du bruit dans le landerneau et à juste titre, c'est lefameux "non cumul des mandats" qu'on veut nous faire prendre pourun parangon de vertu politique. Depuis des lustres, les termes "cumul" ou "cumulard" résonnent comme des insultes. Ilssupposent "conflits d'intérêt" ou gaspillage des deniers de l'Etat.Dans ce cas, s'il convient d'interdire quelque chose, c'est le cumul desindemnités et non celui des mandats. Car si l'on prend lavraie définition de l'action politique, il s'agit de la "gestion de lacité". Et tout indique que les meilleurs députés ou sénateurs sont aussiceux qui sont maires de leur ville. Simplement parce qu'ils savent de quoi ilsparlent. Parce qu'ils ne sont pas coupés du terrain. Parce que, ce qu'ilsconnaissent de la vraie vie citoyenne, il l'ont appris les mains dans lecambouis et non à l'ENA.Qu'il soit doncpermis de penser que cette réforme là sera contre-productive à l'extrême. On vacouper davantage encore le lien entre Paris et le reste de l'hexagone. Entre ceque Maurras avait si joliment appelé le "pays légal et le paysréel" et que le politiquement correct a rebaptisé "France d'en hautet France d'en-bas". Si l'on voulait créer une classe politiquedéfinitivement enfermée dans sa bulle élitiste, on ne s'y prendrait pasautrement.