La tentation de Bordeaux
Mais tout ca c'est
du passé et, soudain, même l'avenir semble bouché pour Alain Juppé. Toujours
droit dans ses bottes mais peu soucieux de prendre une veste dans une ville qui
a voté Hollande à 57%, Juppé déclare forfait pour les législatives dans la
deuxième circonscription de Gironde. Officiellement, il souhaite se recentrer sur
la mairie de Bordeaux, mais le non cumul des mandats a bon dos. C'est surtout
le non cumul des défaites qui le préoccupe.
Car dans sa longue
et brillante carrière politique, Alain Juppé aura certes trusté les honneurs,
mais aussi accumulé les déconvenues. Epinglé pour la petite affaire de
l'appartement de son fils, condamné par la justice pour la grosse affaire des
emplois fictifs, contraint à une éprouvante traversée du désert, recordman des
manifestations depuis l'hiver 95 et la première tentative de réforme des
retraites, battu aux législatives en 2007, humilié par la diplomatie gadget du
philosophe Bernard Henri Levy pendant la crise libyenne, M Juppé aura en fin de
comptes réussi l'improbable exploit de porter à la fois les stigmates de la
chiraquie moribonde et de la Sarkozie finissante.
Bien sur, il restera
la stature, incontestable, de l'homme d'état, brillant formé à l'ENA, comme il
se doit. Ancien chef de la majorité, ancien ministre du budget, de l'écologie,
de la défense, des affaires étrangères, ancien premier ministre et j'en oublie.
Et la roue tourne. Sauf énorme surprise, la non candidature de Monsieur Juppé aux
prochaines législatives marque sans doute le terme de son destin politique
national.
Les meilleures
choses ont une fin. Les meilleurs d'entre nous aussi.
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