"Terres noires" de Sébastien Raizer : un roman sombre sur la destruction du Vieux monde
Les nuits rouges et Mécanique mort, et Terres noires, qui vient d'être publié dans la Série Noire de Gallimard, composent le tryptique imaginé par Sébastien Raizer, mais les trois romans peuvent parfaitement se lire indépendamment.
Dans Terres noires, on retrouve un certain nombre de personnages que l'on a croisés, dont Dimitri Gallois, sur le point de quitter l'Europe, après y être revenu pour régler quelques comptes. Mais la mafia serbe, un groupe armé privé américain et une grande banque basée au Luxembourg, sont à ses trousses. Avec un objectif indirect : faire tomber le chef régional d'une branche de la mafia calabraise.
Ce jeune mafieux moderne va devenir l'allié de Dimitri Gallois. Et paradoxalement, dans un monde que Sébastien Raizer décrit comme sauvage et fou, ce jeune mafieux apparaît comme le plus rationnel et le plus sage. Et c'est avec lui que Dimitri Gallois va tenter de briser l'engrenage dans lequel il est entraîné.
Dans ce roman, pas de gens ordinaires
Sébastien Raizer nous raconte tout ça à travers des personnages baroques ou très marqués, comme ce Dimitri Gallois, sorte de chevalier contemporain qui ne renonce jamais. Il y a aussi une galerie de portraits de petits ou grands malfrats, de sicaires paramilitaires ou autres tueurs professionnels. Sans parler de la délinquance en col blanc, qui ne se salit pas les mains, mais trempe dans tous les trafics. Il y a aussi un vieux flic alcoolique, désabusé, qui cherche encore un sens à sa vie.
Au final, c'est un roman noir, presque impressionniste, que nous propose Sébastien Raizer. Et pour ça, l'auteur nous emmène encore une fois en Lorraine, là où il a vécu, dans cette région des trois frontières France, Allemagne, Luxembourg, entre Thionville et le Longwy de la crise de la sidérurgie, comme un rappel de la transformation de ce pays, une région autant cassée que les hommes qui l'habitent, et où tous les trafics remplacent peu à peu les vieilles industries. Le paysage est dévasté, les scènes d'action sont violentes et parfaitement orchestrées, sur fond de guerre mondialisée, de manipulation, de corruption.
Sébastien Raizer nous propose un roman très sombre sur la destruction généralisée du Vieux monde, avec la guerre en Ukraine qui gronde au loin, comme une menace et change tous les repères.
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