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"Reste" de l'écrivaine belge Adeline Dieudonné

"Reste" de l'écrivaine belge Adeline Dieudonné : un très bon nouveau roman de l'auteure de "Kérozène" et de "La Vraie Vie".
Article rédigé par Gilbert Chevalier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
"A livre ouvert", le choix de Gilbert Chevalier, tous les dimanches dans "Les experts livres". (2011 JAZID / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Reste de l'écrivaine belge Adeline Dieudonné, est paru aux éditions de l'Iconoclaste. C'est la sélection de Gilbert Chevalier.

Alice Dieudonné s’était révélée avec un premier roman épatant, un immense succès, La Vraie Vie, entre candeur enfantine et violence d'un père maltraitant. Une synthèse entre conte pour enfant et roman de Stephen King. Elle avait ensuite confirmé avec Kérozène, une sorte de western déjanté, autour d’une station-service des Ardennes. Avec toujours cette tonalité surréaliste acide, et une vision du monde parfois désespérée, parfois lumineuse.

Reste : troisième roman d'Alice Dieudonné

Dans Reste, elle raconte comment une femme va conserver le corps de son amant près d'elle. L'homme est mort dans le lac proche du chalet de montagne où ils ont l'habitude de se retrouver. Elle décide de garder le corps quelques jours, pour surmonter son chagrin. Situation morbide. Elle va finalement partir avec lui en voiture pour six jours de folie, avec un mort sur la banquette arrière.   

Et Adeline Dieudonné nous raconte tout ça, à travers deux longues lettres que la narratrice adresse à la femme de son amant, pour lui raconter leur histoire d’amour secrète. Pas pour se venger, mais pour rétablir une forme de vérité sur cette amour lumineux qu’elle a vécu avec lui. Elle confie des pans entiers de sa vie, ses sentiments, ses souvenirs, à cette femme qu'elle ne connaît que par les quelques informations que lui avait données son amant.

Et on oscille entre tragédie absolue, teintée de pathos, et chant d’amour adressé à celui que l’on a aimé. La situation est évidemment peu réaliste, mais Adeline Dieudonné aime d’évidence ces situations impossibles, et on se demande jusqu’où tout ça va nous mener. On est happé par la folie de cette femme. Le lecteur est toujours un peu voyeur, et là, il est servi.

 Si le sujet est lourd, l'écriture très spontané, légère, d'Adeline Dieudonné, retire à ce roman l'aspect glauque et  morbide du drame qu’elle nous décrit. Et cela devient vraiment sa signature : chercher la lumière, là ou normalement, elle est introuvable.

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