"Personne ne meurt à Longyearbyen" de Morgan Audic
Personne ne meurt à Longyearbyen de Morgan Audic, est un polar passionnant pour la découverte qu'il nous propose de l'archipel du Svalbard, territoire à l'extrême nord de la Norvège, et passionnant pour les problématiques abordées, notamment l'utilisation par les militaires de Belugas pour espionner. En 2019, l'écrivain français Morgan Audic avait déjà marqué la critique avec son premier roman, De bonnes raisons de mourir.
L'enquête démarre avec les morts de deux jeunes femmes, loin l'une de l’autre. D’abord, celle d’une jeune chercheuse, apparemment tuée par un ours au Svalbard, et l’autre plus au sud, dans les Iles Lofoten, une ancienne journaliste devenue guide dans les fjords du grand Nord, qui s’est suicidée en se jetant d’un pont. A priori, rien ne lie ces deux jeunes femmes, si ce n’est qu’elles s’intéressaient toutes les deux de près aux cétacés.
Deux enquêtes indépendantes commencent pour la première menée par la police du Svalbard et une enquêtrice particulièrement perspicace et tenace et l'autre par un ancien confrère de la suicidée un journaliste reporter de guerre coriace qui ne croit pas une seconde que son amie ait pu mettre fin à ses jours. Évidemment, les deux enquêtes vont se rejoindre et aboutir au même point. Les deux jeunes femmes ont bien été victimes d’un seul et même criminel, motivé par un seul et même motif.
Un nouveau roman policier avec pour décor le Grand Nord et l'Arctique
Et c’est une nouvelle fois la preuve que cette région du monde, ses populations, sont des décors et des acteurs propices à cet exercice. Les polars du grand Nord sont effectivement légion. Mo Malo et le Groenland, Olivier Truc chez les Samis en Laponie, et bien d’autres encore, au Canada, en Alasaka, en Islande. En l'occurrence, le Svalbard cet archipel glacé, avec ses anciennes cités minières désolées, ses enclaves russes ou encore ses traditions, aujourd'hui dénoncées au nom de la sauvegarde des espèces, ce Svalbard que nous propose Morgan Audic est passionnant.
Et il y a la construction du roman et ses acteurs : cette flic pugnace mais fragile, et un reporter de guerre en plein doute, qui remontent une piste sanglante, en se confrontant à la réalité d’une terre où la nature est une marchandise, et les défenseurs de l’environnement parfois des cibles de choix.
Et puis il y a les cétacés, encore chassés par des pêcheurs un peu rustauds, et puis au loin, les militaires russes, prêts à tout pour espionner, y compris donc à dresser des Belugas. Précisons que les Russes ne sont pas les seuls à former ainsi des cétacés : la marine américaine a elle aussi un programme d’entraînement depuis des décennies.
Personne ne meurt à Longyearbyen fait partie de ces polars où l’on apprend beaucoup sur cette région arctique, avec en prime, le piquant de l’intrigue.
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