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Magnifique portrait de femme, Josée Laval

Avec nos libraires, Gérard Collard et Stanislas Rigot, la sélection de livres de Valérie Expert parle aujourd'hui d'histoire, dont celle de Josée, portrait remarquable de la fille de Pierre Laval.
Article rédigé par Valérie Expert
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© RF)

" Moi, Josée Laval, dont le nom aujourd'hui fait si peur à certains, j'ai été, dans l'entre-deux-guerres et pendant ces années si passionnantes de l'Occupation, une des reines de Paris. La seule qui ait vraiment compté, la seule qu'on ait autant couverte de fleurs et de cadeaux, de compliments et de louanges, et la seule qui, par sa présence, faisait frémir ou trembler les assistances et les soirées. " Elle avait aimé son père jusqu'à la folie. Partis de rien, ils s'étaient élevés ensemble dans le grand monde. Pacifiste et homme de gauche, Laval devint la figure noire de la collaboration. Son procès et sa mort furent qualifiés de " crime judiciaire ". Spectre des années noires, sa fille erra ensuite en solitaire dans la France d'après guerre. Moi, Josée Lavalest une pierre lancée à nos figures qui rappelle une histoire terrible dont on a honte.

Dans les salons littéraires de la Restauration, Charles Brifaut est un courtisan influent, vêtu à la dernière mode, menant grand train et dont on réclame le prochain chef-d’œuvre. Un seul succès dramatique n'a-t-il pas suffi à le faire entrer à l'Académie ? En 1827, pour plaire à Charles X, son roi, Brifaut conclut un pacte fatal en acceptant la fonction de censeur des théâtres et règne désormais sur tout le répertoire du Théâtre-Français, sur les romantiques et notamment Hugo. Cette emprise sera bientôt troublée par l'arrivée d'un étrange secrétaire, un copiste gris et inquiétant du nom de Kovaliov. Inspiré d'un personnage historique qui dans ses Mémoires se garda bien d'évoquer sa fonction, Le Censeur dépeint de façon vivante et enlevée un XIXe siècle nourri du secret des archives de la censure dramatique, autant que de la folie des Contes d'E.T.A. Hoffmann et des romans russes.

  (© Bouquin . Robert Laffont)

Le dossier Rebatet . collection Bouquin Ed. Robert Laffont

Lucien Rebatet est l'auteur d'un livre maudit qui fut le best-seller de l'Occupation : Les Décombres, livre qui lui a valu, entre autres raisons, d'être condamné à mort en 1946 avant qu'il voie sa peine commuée en détention à perpétuité. Ce texte est réédité dans son intégralité pour la première fois depuis 1942, après avoir reparu dans les années 1970 amputé de ses chapitres les plus délirants, notamment celui intitulé " Le ghetto ". Pour la première fois aussi, alors que l'ouvrage est en libre accès sur le Net, il est accompagné d'un appareil critique conséquent, qui permet de le lire en connaissance de cause, de le resituer dans le climat de l'époque, avec ses outrances, ses haines et ses préjugés dont Rebatet fut l'un des plus véhéments porte-parole. Annoté par l'une des meilleures spécialistes de l'Occupation, Bénédicte Vergez-Chaignon, ce livre, empreint d'un antisémitisme viscéral et obsessionnel, apparaît aujourd'hui comme un document historique édifiant sur l'état d'esprit, les phobies et les dérives de toute une génération d'intellectuels se réclamant du fascisme. L'auteur n'étant pas dénué de talent d'écriture, comme l'ont prouvé ses romans, notamment Les Deux Étendards, publiés par la NRF, et son Histoire de la musique, qui figure au catalogue " Bouquins ", Les Décombres constituent également une œuvre littéraire à part entière, reconnue comme telle, y compris par ses détracteurs les plus résolus. Ce Dossier ne manquera pas de susciter réactions et commentaires quant à l'opportunité de sa publication. Pascal Ory, qui a soutenu dès l'origine l'idée d'une réédition intégrale, mais encadrée et commentée, fournit dans une préface très éclairante les explications qui la justifient aujourd'hui.

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