Les coups de cœur de nos libraires : Humour, chaleur humaine, candeur et indignité...
Le réveil du cœur François
d' Epenoux. Ed .Anne Carrière
Quand le Vieux accepte d'assurer la garde de son petit-fils
Malo durant tout le mois d'août, ce n'est pas de gaieté de coeur. Il faut dire
qu'entre le misanthrope solitaire et l'enfant de six ans, il n'y a pas
seulement un fossé de sept décennies, il y a un gouffre, des siècles, un
univers entier. Et pourtant, magie d'un lieu hors du temps, atavisme croisé,
miroir des coeurs ? Ces deux-là vont s'apprivoiser, mais aussi se reconnaître
l'un dans l'autre, dans une tendresse réciproque et un caractère affirmé qui
fait fi des années.
Grinçant, voire drôlement caustique quand il se place du point de vue du Vieux,
personnage haut en couleur, émouvant et touchant quand il est vécu à hauteur
d'enfant, ce roman aborde moins le conflit des générations que celui des
époques : à quelle aune juger le monde où nous vivons ? Celle de l'histoire ou
celle de notre histoire ?
"Martin de La Brochette" de Thierry des Ouches –
Ed. Daphnis et Chloé
Grassouillet, affublé d'un anti-don pour les études, Martin
de La Brochette est l'antithèse et le mal-aimé de sa très versaillaise famille
BCBG. Mais celui qu'"affectueusement" les siens surnomment
"p'tit boudin", aidé d'un appétit hors norme pour la vie, n'a qu'une
idée en tête : exercer, accompagné de sa femme rondelette qu'il aime plus que
tout, la profession, inconcevable dans son milieu, qui l'attire depuis
toujours. Réussira-t-il à réaliser son rêve d'enfant ? Un roman plein
d'originalité qui met en scène avec beaucoup d'humour, et à travers une
description enlevée de tous les milieux sociaux, la difficulté d'être en
permanence en décalage.
Relation fortuite de Charles Chadwick – Ed.
Jacqueline Chambon
Un ancien condamné pour meurtre et une femme que sa laideur
a isolée des autres se rencontrent par hasard dans un bus. Stan, qui sort de
prison, travaille en usine et, en dehors de quelques menus larcins, se tient à
carreau. Quant à Elise, c'est à peine si elle existe. Sa mère lui dit que c'est
la beauté intérieure qui compte, mais elle sait que ce ne sont que des mots.
Les gens ne supportent pas sa vue. Elle les révulse. Peu à peu, ces deux
marginaux se rapprochent et leur relation prend un tour pour le moins
inattendu.
Dix yuans un kilo de concombres de Celia Levi
– Ed. Tristram
Shanghai aujourd'hui. Des laissés-pour-compte du
"miracle économique chinois" tentent de survivre dans leurs logements
insalubres, en attendant d'être expulsés par les promoteurs. Parmi eux, Xiao
Fei, un homme épris de savoir et de tradition vivant dans la nostalgie de la
grandeur passée de sa famille. Des Chinois lettrés qui avaient déjà tout perdu,
une première fois, au moment de la Révolution Culturelle. Stoïque en apparence,
mais chaque jour plus humilié par la situation des siens, Xiao Fei se réfugie
dans des rêveries plus vaines les unes que les autres. Se remettre à la
calligraphie. Devenir l'un de ces "dissidents" dont raffolent les
médias occidentaux. Connaître l'amour avec leur jeune cousine américaine, une
fille d'expatriés revenue à Shanghai pour y apprendre le chinois. Pendant ce
temps, la destruction fait rage autour d'eux. Leur misère s'accroît. Bientôt la
solidarité entre voisins et parents ne suffira plus. Tout cède.
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