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Accueil des migrants : "Apporter uniquement une réponse sécuritaire est une erreur", juge Bruno Julliard

Le premier adjoint socialiste à la mairie de Paris, invité de franceinfo samedi, a plaidé en faveur d'"une juste répartition" de l'accueil des migrants en France. 

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Radio France
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Bruno Julliard, premier adjoint à la maire de Paris, invité de franceinfo samedi 24 juin. (RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

Le premier adjoint socialiste à la mairie de Paris, invité de franceinfo samedi 24 juin, a réagi au refus du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, de rouvrir tout centre d'accueil pour migrants à Calais. "Apporter uniquement une réponse policière et sécuritaire est une énorme erreur", a-t-il déclaré. 

Bruno Julliard a déclaré ne pas approuver la décision du ministre de l'Intérieur : "Non pas que nous appelons de nos vœux de nouveaux centres à Calais, mais imaginer que nous ne pourrons apporter à la crise des réfugiés uniquement une réponse policière et sécuritaire est une énorme erreur. C'est ce qui a été fait par le gouvernement précédent, pendant de nombreux mois, y compris à Paris."

"Une juste répartition sur l'ensemble du territoire"

Un centre de premier accueil a été ouvert à Paris. "Nous arrivons aujourd'hui à un point de saturation, il faut absolument une loi portée par ce gouvernement, adoptée par ce nouveau parlement, qui puisse permettre une juste répartition sur l'ensemble du territoire", a estimé Bruno Julliard. Il a précisé que le président de la République, le Premier ministre et le gouvernement ont été alertés pour apporter des réponses nationales sur un sujet "important pour l'Europe et pour la France". Il plaide en faveur de "centres de premier accueil dans les grandes capitales régionales, pour qu'il n'y ait pas une surabondance de demandes d'asile sur le territoire parisien". "Il faut d'urgence une politique nationale", a déclaré Bruno Julliard.  

"Des ministres hostiles au mariage pour tous"

A l'annonce jeudi du nouveau gouvernement d'Edouard Philippe, l'élu PS a déclaré avoir eu "une impression de grande compétence". Bruno Julliard a précisé connaitre "la Garde des sceaux [Nicole Belloubet] et Florence Parly, [ministre des Armées] deux femmes, estimables, très compétentes avec un profil qui montre la volonté d'Emmanuel Macron de constituer un gouvernement des meilleurs". "Au-delà des profils compétents, il y a des profils plus politiques, plus inquiétants venant de la droite", a tempéré le premier adjoint d'Anne Hidalgo, maire de Paris. "J'ai noté avec surprise la présence d'au moins deux ministres qui étaient très investis contre le mariage pour tous alors qu'Emmanuel Macron était un des plus fervents partisans de ce texte".
Par ailleurs, Bruno Julliard a mis en garde sur "les profils très techniques, très technocratiques" qui ne font pas toujours "une bonne politique". "La politique de ce gouvernement devra se juger sur ses actes, ses réalisations. Dans les mois et les années qui viennent, il y aura tout de même sur quelques sujets des clarifications à apporter", a déclaré l'élu parisien.

Il faut "tout changer" au PS

Pour Bruno Julliard, l'avenir de la gauche passe par "un rassemblement", alors qu'elle est marquée aujourd'hui par deux camps "irréconciliables". Manque-t-il un leader ? "Ce qui manque, ce n'est pas parti, une personnalité, c'est le contenu et le fond", a répondu l'élu PS. Bruno Julliard a défendu l'idée d'"un grand mouvement, social-démocrate, progressiste (...) qui se soucie de la justice sociale", précisant que ce qui l'inquiète dans le gouvernement, "ce sont des marqueurs forts sur la dimension économique, mais pratiquement rien sur la redistribution et la justice sociale". 

Le premier adjoint à la mairie de Paris estime qu'il faudra "tout changer" au PS. "Aujourd'hui, le parti, l'appareil politique n'existe quasiment plus. Il faut partir de ce qui existe et refonder quelque chose de radicalement nouveau avec des changements générationnels très importants". Interrogé sur la réforme du Code du travail, Bruno Julliard a déclaré que s'il était député, il ne voterait pas la loi d'habilitation. 

Attention au "bluff" sur les jeux Olympiques

Le Comité international olympique (CIO) désignera la ville hôte des Jeux de 2024 le 13 septembre prochain. Paris et Los Angeles sont en lice. Le Comité exécutif du CIO a recommandé un double vote pour l'attribution des Jeux 2024 et 2028 et dans cette perspective, beaucoup d'observateurs font de la candidature de Paris la favorite. Bruno Julliard a calmé cet optimisme et appelé à se méfier du "bluff"

"Il ne vous a pas échappé que nous avons perdu à plusieurs reprises", a déclaré Bruno Julliard. "Une des raisons était un déficit, parfois conséquent, d'humilité quant à la victoire annoncée de Paris. Nous nous garderons bien de renouveler cette erreur. Il faut faire attention car il y a beaucoup de bluff", a-t-il argumenté. "Nous restons mobilisés jusqu'au bout", a déclaré l'élu parisien, même si  "Paris a un dossier vraiment exceptionnel, pour accueillir les Jeux dans de très bonnes conditions en 2024". Par ailleurs, Bruno Julliard a rappelé la nécessité de faire perdurer, après les JO, les avancées, notamment écologiques, apportées par l'organisation. Elles permettront par exemple la baignade dans la Seine.

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